Ce premier roman d’une jeune femme, par ailleurs peintre,
née en Tchécoslovaquie et installée dans le sud de la France, s’est vu couronné
du Prix Renaudot des Lycéens.
Trois générations de femmes y témoignent de la brève
histoire de leur pays. De la petite-fille à la grand-mère, elles ont toutes en
commun d’être des bâtardes, illustrations constantes et répétées du peu de cas
porté aux femmes tout particulièrement en période troublée.
A travers leurs récits et leurs yeux, nous assistons aux
grandes migrations de populations qui jettent les Juifs sur les routes puis les
Allemands vaincus et haïs hors d’un pays passé sous la coupe soviétique. A
travers ces femmes, nous décodons le regard lubrique porté par des hommes
parfois incultes, souvent profiteurs envers celles qui ne seront bonnes qu’à
satisfaire pulsions ou bas instincts et seront abandonnées dès que les
circonstances l’exigeront.
Par elles, nous voyons aussi la stupidité collective gagner
un pays qui jusque-là s’en sortait plus ou moins. Une stupidité dictée par la
mise en œuvre forcenée, dogmatique et aveugle d’un communisme destructeur,
créateur de malheurs innombrables avant que de s’effondrer sur lui-même de son
inconséquence.
Il semble exister une chape de prédestination tout au long
de ce roman assez lourd, comme si les vies étaient jouées d’avance et que les
combats pour s’en sortir, au prix d’infinis sacrifices, étaient voués à être
perdus du simple fait de l’inéluctable bêtise humaine.
Toutefois, je suis resté pour ma part extérieur au roman qui
jamais ne m’a ému. Car ces thèmes ont été tellement repris et fait l’objet de
tant d’ouvrages sublimes qu’il manque une verve, une originalité, un peu
d’auto-dérision sans doute aussi pour véritablement captiver un lecteur
exigeant.
Publié aux Editions Alma – 2016 – 296 pages