30.6.17

Animals – Ceridwen Dovey


Ceriwen Dovey est une jeune femme sud-africaine aimant observer le monde afin d’y décoder les signifiants forts cachés derrière le rideau des apparences, des comportements ou des traditions. Docteur en anthropologie sociale, elle a réalisé films et ouvrages qui ont été remarqués dans les milieux universitaires ou les festivals spécialisés. Mais, depuis quelques années, c’est à l’écriture qu‘elle a décidé de se consacrer.

Son dernier livre (dont l’éditeur a jugé bon de ne conserver qu’une partie du titre original sans pourtant le traduire de l’anglais au français, bizarrerie bobo un peu stupide mais passons) donne une idée frappante de ce que la combinaison de deux talents bien maîtrisés peut donner.

Dix nouvelles mettent face à face un animal (parfois improbable tel une moule) et son Maître humain dans des circonstances, la plupart du temps liées à la survenue d’une guerre, qui vont conduire à la mort inutile et cruelle d’un animal ne demandant qu’à aimer et être aimé. Souvent, ces humains n’ont rien d’anonymes puisque nous côtoierons le chien de Goebbels, le chat de Colette, le perroquet de Kafka entre autres.

Avant de se lancer dans son entreprise, Ceridwen Dovey a entrepris le type de recherche  documentaire sérieuse que sa formation universitaire lui a enseigné à pratiquer. On y découvre donc beaucoup sur la vie de ces animaux divers et, parfois, les stratégies complexes sexuelles qu’il leur faut déployer pour se reproduire.

Alors, pourquoi ne pas donner le pouvoir et la capacité aux animaux, quels qu’ils soient, de nous observer pour tenter de comprendre les règles, les coutumes, les objectifs, les peurs, les luttes ou les pulsions qui semblent sans cesse agiter ces bipèdes avec lesquels ils entretiennent des rapports bien ambivalents ? Ne serions-nous in fine que de pervers manipulateurs de ces êtres ? L’auteur franchit le pas avec une drôlerie qui fait mouche, une impertinence aussi qui n’hésite pas à faire vaciller les Grands Hommes de leur piédestal.

L’exercice aurait pu devenir répétitif et lassant. Or, il n’en est rien grâce à la formidable capacité de Ceridwen Dovey de nous étonner, d’adapter son langage et sa syntaxe à l’animal et au milieu dans lequel il évolue, dont il devient en quelque sorte le sage, le loufoque ou le perplexe traducteur selon le cas.

Dommage que le travail d’édition ne soit pas exempt de reproches. Il y a de nombreuses erreurs grammaticales, fautes d’orthographe voire de syntaxe dans la traduction qui aurait mérité d’être relue de façon professionnelle.

Publié aux Editions Héloïse d’Ormesson – 2016 – 285 pages