Vivre dans une
copropriété est rarement une sinécure. Entre les râleurs, ceux qui ne
respectent pas les règles ou qui transforment les nuits de week-end en tapage
nocturne pour ne citer que des cas courants, l’expérience peut devenir
traumatisante. Pourtant, les promoteurs immobiliers sont passés maîtres pour
nous faire oublier ces multiples désagréments potentiels et transformer le
moindre immeuble en résidence de standing du moins sur le papier et en termes
de prix.
C’est donc en toute bonne
foi que de prétendants accédants à la propriété vont se porter acquéreurs d’un
appartement dans la nouvelle résidence luxueuse bâtie sur les ruines encore
fumantes du manoir du centre de cette ville de province. Croyant avoir décroché
la timbale, ils vont rapidement réaliser
qu’ils occupent un immeuble hanté capable de transformer la vie quotidienne de
chaque résident en une succession de cauchemars dantesques.
Entre les parkings trop
étroits pour y accéder et s’y garer, les ascenseurs rétifs, l’insonorisation
défaillante, les canalisations bouchées et les changements de personnalité ou
d’humeur brusques, le Mayerling semble détenir un pouvoir magique et maléfique
à l’égard de celles et ceux qui prétendent l’habiter. A tel point qu’une
véritable lutte à mort va s’engager entre un cube de béton mortifère et ses
occupants.
Avec cette satire,
Bernard Quirigny tente de s’en prendre au monde des promoteurs immobiliers
décidés à transformer toute parcelle de terrain en source de revenus d’autant
plus fertile que la réalisation en aura été bâclée. Revisitant le thème de la
maison hantée, il accumule les situations ubuesques et souvent drolatiques.
Mais, s’il parvient bien à nous arracher ici ou là quelque sourire, il ne n’emporte
toutefois pas notre adhésion. La faute à une histoire qui à force de parodie
finit par tourner en gag grotesque et scenario aussi improbable que non
crédible. La faute aussi à un démarrage lent et laborieux qui semble sans cesse
hésiter entre critique sociale, analyse sociologique et roman grand public.
Bref, l’idée de départ
était bonne, la réalisation défaillante et décevante.
Publié aux Editions
Rivages – 2018 – 271 pages