Serait-il juste de dire du dernier roman de Laurence Cossé
qu’il est bourgeois ? Plusieurs éléments invitent à apporter à cela une
réponse positive.
Par son style d’abord, de facture très classique et d’une
écriture – dans le choix des temps et des formes passives – qui a quelque chose
de flaubertien. Par le milieu dans lequel il se déroule composé de la très
bonne bourgeoisie du VIIème arrondissement parisien que la montée du Front
Populaire effraie pour ce qu’elle porte de risque quant au rendement de leurs
rentes. Quant aux protagonistes suisses, ils sont issus des meilleures familles
alémaniques et ne fréquentent que les meilleurs hôtels des stations les plus
chics. Par la référence à ces boîtes à concours comme peut l’être la prépa
Verbiest à Versailles tenue de main de fer par des Jésuites peu soucieux de
religion mais plus préoccupés par l’obtention des meilleurs résultats possibles
aux concours des Grandes Ecoles.
Quant à l’histoire qui nous est contée, elle ne présente en
soi guère d’intérêt. On sait très vite, par une confession du narrateur, que
l’amitié entre ces deux jeunes gens qui se rencontrent en première année de
prépa se terminera mal. On s’ennuie d’ailleurs assez rapidement face à la
minceur de la trame romanesque qui effleure plusieurs sujets (l’amitié,
l’amour, la trahison, la perte, le deuil) sans jamais véritablement les
approfondir.
Le principal intérêt du roman réside finalement dans le
travail de documentation qui a du être réalisé pour nous conter la captivante
histoire de la naissance des sports d’hiver en Europe et la construction
progressive, pleine de défis humains et techniques, de la station de Val
d’Isère à une époque où aucune route n’y menait encore et où les sept derniers
kilomètres se faisaient à pied dans la neige sur un sentier dangereux.
Pour le reste, on pourra aisément se passer de ce qui sera
loin de constituer le meilleur roman d’une grande femme de lettres par
ailleurs.
Publié aux Editions Gallimard – 2018 – 142 pages