Jusque-là, la vie de
Médée se déroulait comme dans un rêve. Un mari aimant et aimé, neurochirurgien
reconnu et apprécié de ses pairs, trois grands enfants bien installés dans le
monde, une belle maison et, surtout, une carrière de sculptrice dont les œuvres
sont exposées dans les plus grands musées et les plus prestigieuses galeries de
la planète. Mais les rêves sont faits pour s’arrêter et la fin de celui de
Médée sera brutale. Partie avec son mari pour l’accompagner à un congrès
international, elle se voit lâchement abandonnée en pleine escale, sans crier
gare, par celui dont elle partage la vie depuis trente ans. Une traîtrise
d’autant plus douloureuse que seuls ses enfants avaient été informés des
intentions de leur père. Ce sont d’ailleurs deux d’entre eux qui vont s’occuper
d’elle totalement désemparée en transit à l’aéroport de Paris Charles de
Gaulle.
Commence alors un travail
de deuil, d’acceptation et de reconstruction. Pour cette femme dont l’univers
vient de s’écrouler, il passera par l’enfermement volontaire dans l’une de ces
chambres hideuses et anonymes d’un des hôtels de l’aéroport. Un lieu clos comme
un confessionnal intérieur dans lequel Médée peut se repasser les séquences de
sa vie, tenter de décoder et de comprendre, dans l’impérieuse nécessité de
trouver une explication au désastre qui la secoue.
Le secours viendra d’une
modeste technicienne de surface qui prendra soin d’elle et lui trouvera un lieu
désaffecté sur l’aéroport où elle pourra reprendre ses activités artistiques
avec celui qui aura été son mentor et son dieu vivant venu la rejoindre pour
repartir de l’avant.
Outre le fait qu’on a
plus que peine à croire qu’une sorte de squatteuse de luxe puisse se balader
tranquillement sur une zone aussi sécurisée et surveillée qu’un aéroport
international (sic !), on sera surtout gêné tout au long du récit par
l’écriture de Yasmine Chami. Voulant déployer un style élaboré, elle travaille
tellement ses phrases qu’elles finissent par devenir indigestes, s’étirant en
longueur, s’essayant à des images souvent maladroites quand elles ne sont pas
mal avisées. Tout cela manque cruellement de naturel et de fluidité et nous
aura laissé totalement en-dehors d’une histoire à laquelle nous n’avons jamais
adhéré.
Publié aux Editions Actes
Sud – 2019 – 132 pages