20.10.19

Médée Chérie – Yasmine Chami



Jusque-là, la vie de Médée se déroulait comme dans un rêve. Un mari aimant et aimé, neurochirurgien reconnu et apprécié de ses pairs, trois grands enfants bien installés dans le monde, une belle maison et, surtout, une carrière de sculptrice dont les œuvres sont exposées dans les plus grands musées et les plus prestigieuses galeries de la planète. Mais les rêves sont faits pour s’arrêter et la fin de celui de Médée sera brutale. Partie avec son mari pour l’accompagner à un congrès international, elle se voit lâchement abandonnée en pleine escale, sans crier gare, par celui dont elle partage la vie depuis trente ans. Une traîtrise d’autant plus douloureuse que seuls ses enfants avaient été informés des intentions de leur père. Ce sont d’ailleurs deux d’entre eux qui vont s’occuper d’elle totalement désemparée en transit à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle.
Commence alors un travail de deuil, d’acceptation et de reconstruction. Pour cette femme dont l’univers vient de s’écrouler, il passera par l’enfermement volontaire dans l’une de ces chambres hideuses et anonymes d’un des hôtels de l’aéroport. Un lieu clos comme un confessionnal intérieur dans lequel Médée peut se repasser les séquences de sa vie, tenter de décoder et de comprendre, dans l’impérieuse nécessité de trouver une explication au désastre qui la secoue.
Le secours viendra d’une modeste technicienne de surface qui prendra soin d’elle et lui trouvera un lieu désaffecté sur l’aéroport où elle pourra reprendre ses activités artistiques avec celui qui aura été son mentor et son dieu vivant venu la rejoindre pour repartir de l’avant.
Outre le fait qu’on a plus que peine à croire qu’une sorte de squatteuse de luxe puisse se balader tranquillement sur une zone aussi sécurisée et surveillée qu’un aéroport international (sic !), on sera surtout gêné tout au long du récit par l’écriture de Yasmine Chami. Voulant déployer un style élaboré, elle travaille tellement ses phrases qu’elles finissent par devenir indigestes, s’étirant en longueur, s’essayant à des images souvent maladroites quand elles ne sont pas mal avisées. Tout cela manque cruellement de naturel et de fluidité et nous aura laissé totalement en-dehors d’une histoire à laquelle nous n’avons jamais adhéré.
Publié aux Editions Actes Sud – 2019 – 132 pages