En ce début de XXIème siècle, New-York et avec elle
l’Amérique tout entière fait face à une série d’évènements aussi dérangeants
qu’inexpliqués. Plusieurs des anciens super-héros de Marvel (ici devenus des
personnes réelles), bien que retirés de toute action visant à faire régner la
justice, ont été retrouvés assassinés après avoir reçu une mystérieuse missive
portant simplement la formule « Adieu cher ».
Un policier chargé des enquêtes rend visite à certaines de
ces anciennes gloires pour les informer des dangers potentiels encourus et leur
proposer une protection policière. Une mise en garde inutile puisqu’à chaque
fois, le ou la super-héros en question sera retrouvé mort dans des
circonstances atroces. Des morts mystérieuses dont les auteurs, obstinément
mutiques et prêts à supporter les peines encourues, sont souvent retrouvés. Des
morts qui, toutes, sont reliées à des pratiques sexuelles particulières mettant
à mal l’image étincelante de ces porte-étendards américains.
Organisé en une série de novelas plus ou moins longues, le
roman nous plonge au cœur des déviances et des outrances américaines. Culte de
l’image, utilisation abusive des médias et de la télévision qui poussent à de
plus en plus d’outrance et de prises de risques, sentiment d’impunité pour
certaines élites, pouvoir de l’argent et du prestige qui peut entraîner à se
croire au-dessus de tout, manipulations en tous genres pour parvenir à ses
fins…
Plus les histoires semblent se répéter avec d’infinies
variations morbides et nauséabondes, plus notre interrogation sur le sens de
ces crimes augmente comme augmente notre répulsion pour une société de
l’outrance où de pauvres super-héros, fatigués, usés et presque à la retraite
deviennent les marionnettes épuisées d’un système en route vers la folie et
l’explosion.
A ce titre, le dénouement concocté par Marco Mancassola est
un petit bijou de perversité comme un dernier coup de griffe envers un monde
promis à son extinction comme il aura au préalable lui-même mis fin à ce qui participa
de son lustre au moyen de ses super-héros tombés de leur piédestal. Un petit
bijou.
Publié aux Éditions Gallimard – 2011 – 545 pages