Il est des ouvrages qui continuent de vous hanter, au sens positif, grâce à l’impact qu’ils ont eu sur vous, bien des jours après en avoir tourné la dernière page. « Samedi » fait définitivement partie de cette catégorie.
McEwan réussit la prouesse d’entremêler éléments d’une lente intrigue, qui par petites touches successives se noue, et sujets de réflexion brillante sur notre société occidentale moderne, honteusement opulente et si sûre d’elle-même. Celle d’une Angleterre blairienne conquérante, fidèle alliée des Etats-Unis y compris au sens militaire. Celle d’une société qui ne laisse pas de place à ceux qui n’en jouent pas les règles et qui fait cohabiter plusieurs mondes habituellement étanches. Celle d’une société qui doit faire avec beaucoup de déshérités pour ne pas exploser.
Au cours de cette journée de samedi, une succession d’évènements va progressivement faire basculer la vie d’une famille londonienne parfaitement représentative du succès des quadras actuellement au pouvoir, dans la confrontation avec la violence urbaine et imbécile et ce qu’elle peut remettre en cause sur nos certitudes.
Le récit s’écoule naturellement, limpidement, chirurgicalement même, presque minute par minute, et l’auteur nous conduit à travers les réflexions qui habitent le cerveau du neurochirurgien Henry Pewrone, héros malgré lui de ce récit. C’est ce qui en fait la force et qui donne cette capacité à assister à ce qui se passe en tant que lecteur, certes, mais aussi qu’acteur distancié, habitué à se maîtriser et à gérer des situations critiques. Tout s’y passe dans une sorte de ralenti, pour nous forcer à penser à comment nous aurions nous-mêmes réagi en de pareilles circonstances.
Un magnifique livre pour penser à ce que sont nos plus fondamentales valeurs, réfléchir à la qualité de nos engagements personnels, familiaux et professionnels. Un livre sur l’amitié, la sincérité des liens familiaux aussi. Un livre à lire avec urgence.
Publié aux Editions Gallimard – 351 pages
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