Que voilà un roman impertinent, original, drôle, inhabituel ! Un de ceux qu’on adore. Un de ceux que les écrivains brésiliens, avec leur sens de la vie, de l’amour, du débridé sont parmi les rares à savoir produire. Quel régal !
C’est en citant le dernier paragraphe de la page 94 que l’on cernera le contexte et le ton : « C’est ça la vie. Je me retrouvais sans emploi, amoureux fou d’une femme qui élève des serpents, attendant la mort d’un type, sans le sou, et avec une mère de plus en plus folle à la maison. Et orgueilleux, en plus. »
José Guber, celui qui nous fait part ci-dessus de ses réflexions, est un petit écrivain minable. Il commet, au long des premiers chapitres de ce roman jouissif, de courts synoptiques minables et maladroits sur d’invraisemblables romans policiers. La réponse est toujours la même : refusé par son éditeur qui a commis l’imprudence de lui faire une avance.
José, en se rendant à l’Institut pour étudier d’un peu loin les serpents et leur venin, en quête d’une mort sensationnelle d’une victime encore non née, au plan littéraire s’entend, va faire la rencontre de la sommité nationale, Fulvia.
Fulvia, c’est l’Eve brésilienne, attirante, lascive, qui glisse ces animaux phalliques autour de son cou, de ses cuisses pour mieux faire succomber José lors de discussions éthérées. Oui mais, Fulvia est mariée et se dit victime de son mari et de ses violences conjugales, apportant d’apparentes preuves médicales à un amant fou et aveugle.
Quoi de mieux qu’un auteur de romans policiers, même minables, pour supprimer un mari qui devient encombrant ?
Patricia Melo nous entraîne alors dans une suite de délires, de scènes effarantes et d’un comique incompressible, aussi déluré que les scenarii improbables élaborés pour faire supprimer le mari par un serpent qui n’en a que faire.
Les résultats seront partiels et la vie en deviendra plus compliquée. Plus compliquée, elle sera encore lorsque José Guber, enfin marié à Fulvia, décidera de changer de personnalité, de nom, de style, pour devenir un auteur à succès qui publie de géniaux livres censés modifier complètement votre vie psychologique et affective et vous faire rencontrer le bonheur et Dieu.
Plus le succès viendra, ce qui permet au passage à l’auteur de se livrer à un démolissage ahurissant de ces prétendus sauveurs de l’humanité, plagiats et imbus de leurs seuls intérêts, plus la vie de José Guber deviendra infernale.
Il faut dire qu’il est difficile de masquer un meurtre, de divorcer de Fulvia, femme aussi dangereuse que ses serpents, vivre le grand amour avec son assistante et se défendre contre des attaques directes ou indirectes visant à vous détruire.
Cet univers coloré, débridé, féroce et tendre à la fois, où les comptes se règlent à coups de revolver et où la vie de ceux qui encombrent ne pèse jamais bien lourd permet à Patricia Melo de tisser une intrigue solide et qui tient fièrement la route.
L’imaginaire et une dose de fantasque au service d’un neo-polar si j’ose cette formule. Un neo-polar au service d’une critique de l’argent facile et de ceux qui profitent des faibles. Le tout sans effets larmoyants et mis en musique sous une écriture charpentée, colorée, vive et immensément drôle. Un succès total.
Vous ne pouvez plus ignorer Patricia Melo. Alors vous savez ce qui vous reste à faire !
Publié aux Editions Actes Sud – 239 pages
Blog d'humeur littéraire - Livres, lectures, romans, essais, critiques. La lecture comme source de plaisir, d'inspiration et de réflexion.
25.2.09
La dernière passion de Son Eminence – Guillaume de Sardes
Voici l’archétype du bon petit roman, sans grande prétention, bien écrit, plein d’humour et de dérision et carrément jouissif. Un roman qui par son thème, son style, sa mise en scène nous a fait souvent penser à l’irrésistible « Conclave » de l’Italien Roberto PAZZI et que nous vous recommandons par la même occasion et qui lui est, cependant, bien supérieur.
Comme son nom l’indique, ce livre nous entraine dans les sphères de pouvoir et d’intrigues du Vatican. Des sphères peu amènes (je n’ai pas pu résister au jeu de mot) tant l’ambition, la jalousie, la perfidie et le plaisir des sens prévalent sur le désir de sauver les âmes égarées des troupeaux catholiques. Ne voyez aucun mal dans mes propos : j’essaye simplement de vous placer selon le parti pris de l’auteur pour concevoir son ouvrage.
Sur fond de double meurtre, d’intrigues, de complots et de coups bas, nous suivons la bête féroce qui se cache derrière Son Eminence, le Cardinal gardien des rites, le plus haut gradé dans la hiérarchie pontificale après le Pape lui-même.
Ayant mis son intelligence au service exclusif de ses plaisirs et de ses ambitions, Son Eminence mène une vie princière et de débauche. Il collectionne les jeunes hommes et ne dédaignent pas non plus les jeunes femmes impudiques et peu farouches. Plus les plaisirs sont libertins, plus Son Eminence apprécie. Mais malheur à celui qui cherche à le trahir ou à le doubler. Le renard, qui en a vu d’autres, finira par emporter le morceau avec élégance.
Le texte est à l’image de la couverture d’un érotisme surprenant. Derrière les draps pourpres, les ors et les fastes du Vatican se cache la perpétuelle recherche d’un plaisir toujours plus violent et plus interdit. Un parfum de scandale étouffé sous l’obligation de ne rien laisser filtrer.
Bien servi par un texte élaboré et gentiment tourné, parfois un brin archaïque, le roman peine cependant à garder le cap d’une intrigue haletante et rebondissante. On sent l’auteur plus à son aise en mettant sa plume stylée au service d’une critique vitriolée et décalée du haut clergé que focalisé sur le désir de conduire le lecteur dans une intrigue solide et passionnante. Le scenario est au fond convenu, hautement prévisible ce qui gâche quelque peu le plaisir. Dommage, cela aurait pu en faire un livre excellent…
Publié aux Editions Hermann – 128 pages
Comme son nom l’indique, ce livre nous entraine dans les sphères de pouvoir et d’intrigues du Vatican. Des sphères peu amènes (je n’ai pas pu résister au jeu de mot) tant l’ambition, la jalousie, la perfidie et le plaisir des sens prévalent sur le désir de sauver les âmes égarées des troupeaux catholiques. Ne voyez aucun mal dans mes propos : j’essaye simplement de vous placer selon le parti pris de l’auteur pour concevoir son ouvrage.
Sur fond de double meurtre, d’intrigues, de complots et de coups bas, nous suivons la bête féroce qui se cache derrière Son Eminence, le Cardinal gardien des rites, le plus haut gradé dans la hiérarchie pontificale après le Pape lui-même.
Ayant mis son intelligence au service exclusif de ses plaisirs et de ses ambitions, Son Eminence mène une vie princière et de débauche. Il collectionne les jeunes hommes et ne dédaignent pas non plus les jeunes femmes impudiques et peu farouches. Plus les plaisirs sont libertins, plus Son Eminence apprécie. Mais malheur à celui qui cherche à le trahir ou à le doubler. Le renard, qui en a vu d’autres, finira par emporter le morceau avec élégance.
Le texte est à l’image de la couverture d’un érotisme surprenant. Derrière les draps pourpres, les ors et les fastes du Vatican se cache la perpétuelle recherche d’un plaisir toujours plus violent et plus interdit. Un parfum de scandale étouffé sous l’obligation de ne rien laisser filtrer.
Bien servi par un texte élaboré et gentiment tourné, parfois un brin archaïque, le roman peine cependant à garder le cap d’une intrigue haletante et rebondissante. On sent l’auteur plus à son aise en mettant sa plume stylée au service d’une critique vitriolée et décalée du haut clergé que focalisé sur le désir de conduire le lecteur dans une intrigue solide et passionnante. Le scenario est au fond convenu, hautement prévisible ce qui gâche quelque peu le plaisir. Dommage, cela aurait pu en faire un livre excellent…
Publié aux Editions Hermann – 128 pages
22.2.09
L’amour est fou – Yann Queffélec
Trois jours que le livre est refermé et attend, au coin de mon bureau, que je m’attelle à sa note de lecture. Trois jours que je recule, hésitant sur la conduite à tenir face à un auteur qui compte.
Certes, Monsieur Queffélec, je n’ai pas l’intention de vilipender votre dernier roman mais, en même temps, je ne puis pas dire avoir été emballé. Loin de là, même.
Il manque une spontanéité, une fraîcheur, une liberté d’écrire pour traduire de façon un peu plus folle la folie, plus ou moins lourde, plus ou moins feinte des personnages ici mis en scène. Oui l’amour est fou dans le chemin qu’il se fraye, dans les obstacles qu’il dresse, dans la passion qu’il déchaîne. Mais rien de cela ne se retrouve dans ce roman en retrait.
Et pourtant, tous les ingrédients ont été savamment disposés. Aucun des trois personnages du trio amoureux et infernal ne peut être qualifié de normal, si tant est qu’il puisse y avoir la moindre définition du concept de normalité. Disons, en tous cas, que leurs vies sont éminemment compliquées, enfermées dans des schémas oedipiens lourds de conséquence.
Au beau milieu du trio, il y a le narrateur, Marc. Un jeune homme de vingt cinq ans à peine, fils d’une pianiste internationale, décédée, et d’un égyptologue qui survit de conférences données pour le compte de l’Association Française. Marc ne s’est jamais remis de la mort de sa mère et tout le roman, toute cette auto-narration souvent nauséabonde, sans concessions, visera, au fond, à faire le deuil de cette grande absente et à tuer le père. Un père embarrassant qui lui écrit régulièrement et qui n’obtient jamais de réponse. Qui le finance sans espoir de retour d’être aimé. Un père qui monopolise sa fille, la sœur de Marc, aveugle de naissance, substitution domestique de la femme aimée et disparue.
Marc est tombé fou amoureux d’Alba, une jeune femme de son âge. Une femme qui lui ouvre son lit mais qui ne s’est jamais laissée prendre ni aimer. Une femme amoureuse mais incapable de se donner. Une femme qui va le rendre fou avec ses deux pyjamas pour dissuader toute tentative d’effleurement.
Un jour, Marc finit par rompre presque par accident ce lien malsain. Mais, par accident aussi, sans le vouloir consciemment, il va tomber aussitôt dans les bras d’Aline, la mère d’Alba. Une belle femme d’une petite quarantaine. Une amante experte et attentionnée. Une sorte de mante-religieuse aussi qui veut Marc pour elle seule et qui au fond d’elle-même est terrorisée à l’idée que Marc puisse la quitter pour sa fille Alba. Aline, c’est la mère, l’épouse, la maîtresse, la lionne et la furie incarnées. Un cocktail qui vous explose à la figure sans jamais prévenir !
Mère et fille se détestent, ne sont plus adressées la parole depuis des années. Aline c’est la face sombre de la folie, la jalousie furieuse, capable sans préavis de péter les plombs et de se montrer violente envers Marc pour le pousser à avouer une faute qu’il ne commet pas.
Alors, peu à peu, Marc qui vit d’expédients, quelques cours de tennis au noir, ou garde d’enfants, va chercher à régler ses comptes. En se réfugiant dans l’alcool qu’il consomme sans modération pour oublier la vacuité de son existence.
En acceptant le boulot de critique musical dans une revue qui veut déboulonner les grands noms. Il se livrera à une critique gratuite, vitriolée des plus grandes pianistes, réglant des comptes, sur des innocents, avec sa mère qui l’a quitté. Ce sont là les mielleurs passages du livre et la conversation téléphonique avec Yvonne Lefébur au téléphone est un grand moment d’émotion.
Et puis Alba finira par resurgir, sur un quiproquo, par la faute d’Aline. La folie latente ou véritable pourra alors trouver son fixateur, se sublimer et Marc en finira avec ses démons.
Un thème assez sublime bien que compliqué.
Malheureusement, le résultat n’est pas là. On se prend à s’ennuyer, à compter le nombre de pages avant la fin faute d’une unité narrative et d’une folie littéraire. Le langage reste convenu, en décalage avec l’esprit des êtres, d’où sans doute cette distanciation au récit. De la folie pour le fond mais absente de la forme.
Pas un mauvais livre, mais un livre inabouti. Tant pis…
Publié aux Editions Fayard – 261 pages
Certes, Monsieur Queffélec, je n’ai pas l’intention de vilipender votre dernier roman mais, en même temps, je ne puis pas dire avoir été emballé. Loin de là, même.
Il manque une spontanéité, une fraîcheur, une liberté d’écrire pour traduire de façon un peu plus folle la folie, plus ou moins lourde, plus ou moins feinte des personnages ici mis en scène. Oui l’amour est fou dans le chemin qu’il se fraye, dans les obstacles qu’il dresse, dans la passion qu’il déchaîne. Mais rien de cela ne se retrouve dans ce roman en retrait.
Et pourtant, tous les ingrédients ont été savamment disposés. Aucun des trois personnages du trio amoureux et infernal ne peut être qualifié de normal, si tant est qu’il puisse y avoir la moindre définition du concept de normalité. Disons, en tous cas, que leurs vies sont éminemment compliquées, enfermées dans des schémas oedipiens lourds de conséquence.
Au beau milieu du trio, il y a le narrateur, Marc. Un jeune homme de vingt cinq ans à peine, fils d’une pianiste internationale, décédée, et d’un égyptologue qui survit de conférences données pour le compte de l’Association Française. Marc ne s’est jamais remis de la mort de sa mère et tout le roman, toute cette auto-narration souvent nauséabonde, sans concessions, visera, au fond, à faire le deuil de cette grande absente et à tuer le père. Un père embarrassant qui lui écrit régulièrement et qui n’obtient jamais de réponse. Qui le finance sans espoir de retour d’être aimé. Un père qui monopolise sa fille, la sœur de Marc, aveugle de naissance, substitution domestique de la femme aimée et disparue.
Marc est tombé fou amoureux d’Alba, une jeune femme de son âge. Une femme qui lui ouvre son lit mais qui ne s’est jamais laissée prendre ni aimer. Une femme amoureuse mais incapable de se donner. Une femme qui va le rendre fou avec ses deux pyjamas pour dissuader toute tentative d’effleurement.
Un jour, Marc finit par rompre presque par accident ce lien malsain. Mais, par accident aussi, sans le vouloir consciemment, il va tomber aussitôt dans les bras d’Aline, la mère d’Alba. Une belle femme d’une petite quarantaine. Une amante experte et attentionnée. Une sorte de mante-religieuse aussi qui veut Marc pour elle seule et qui au fond d’elle-même est terrorisée à l’idée que Marc puisse la quitter pour sa fille Alba. Aline, c’est la mère, l’épouse, la maîtresse, la lionne et la furie incarnées. Un cocktail qui vous explose à la figure sans jamais prévenir !
Mère et fille se détestent, ne sont plus adressées la parole depuis des années. Aline c’est la face sombre de la folie, la jalousie furieuse, capable sans préavis de péter les plombs et de se montrer violente envers Marc pour le pousser à avouer une faute qu’il ne commet pas.
Alors, peu à peu, Marc qui vit d’expédients, quelques cours de tennis au noir, ou garde d’enfants, va chercher à régler ses comptes. En se réfugiant dans l’alcool qu’il consomme sans modération pour oublier la vacuité de son existence.
En acceptant le boulot de critique musical dans une revue qui veut déboulonner les grands noms. Il se livrera à une critique gratuite, vitriolée des plus grandes pianistes, réglant des comptes, sur des innocents, avec sa mère qui l’a quitté. Ce sont là les mielleurs passages du livre et la conversation téléphonique avec Yvonne Lefébur au téléphone est un grand moment d’émotion.
Et puis Alba finira par resurgir, sur un quiproquo, par la faute d’Aline. La folie latente ou véritable pourra alors trouver son fixateur, se sublimer et Marc en finira avec ses démons.
Un thème assez sublime bien que compliqué.
Malheureusement, le résultat n’est pas là. On se prend à s’ennuyer, à compter le nombre de pages avant la fin faute d’une unité narrative et d’une folie littéraire. Le langage reste convenu, en décalage avec l’esprit des êtres, d’où sans doute cette distanciation au récit. De la folie pour le fond mais absente de la forme.
Pas un mauvais livre, mais un livre inabouti. Tant pis…
Publié aux Editions Fayard – 261 pages
20.2.09
Trailerpark – Russel Banks
Trailerpark c’est l’endroit où l’on parque les mobile homes américains. Ces grandes maisons longilignes, amovibles, en bois réservées aux classes les plus modestes aux Etats-Unis.
Russel Banks nous projette au cœur d’une petite communauté de laissés pour compte de la société américaine et qui ont tout juste le moyen de payer un modeste loyer en compensation d’une de ces caravanes.
Certes, elles sont disposées en bordure d’un lac quasi déserté, en plain cœur du New Hampshire. Un Etat agricole, pauvre, sans industrie, sans travail et où seuls ceux qui n’ont pas d’autres choix, restent. C’est l’état où Banks vécut. La campagne, les collines, la chasse te la pêche. Et surtout, un hiver long et rigoureux, un froid glacial puisque la température descend fréquemment à moins vingt.
Comme toujours, Banks use d’une langue extraordinairement simple, dépouillée, minimale pour aller à l’essentiel, pour nous permettre de rencontrer les hommes et les femmes simples, essentiels, un peu bruts de décoffrage qu’il choisit de mettre en scène. Le langage est souvent familier et l’on croirait souvent assister à une scène en direct, prise sur le vif, sans détour.
Le roman commence par un long premier chapitre de plus de cent pages où nous voyons vivre la communuaté. Nous faisons connaissance de chacun de ses membres, représentatifs de tous les pauvres d’un Etat essentiellement blanc.
Il y a là un capitaine retraité de l’Armée de l’Air qui se prend un peu pour le leader de cette communauté, une ancienne militaire, vivant seule et en marge des conventions. Avec un penchant tout particulier pour l’élevage de cochons d’Inde. Un élevage qui va engendrer une croissance exponentielle de la population animale et donc de leurs déjections. A tel point que, même si ces animaux restent confinés, leur présence dérange la bienséance collective, perturbe les habitudes. Alors les pressions deviendront de plus en plus fortes, de plus en plus insidieuses pour obtenir la liquidation de ces centaines d’animaux qui auront fini par engloutir la caravane.
Les chapitres suivants pourraient être lus indépendamment les uns des autres, comme des nouvelles. Or on sait que Banks excelle dans le genre.
Ces chapitres donnent à voir tour à tour chacun des autres habitants de cette communauté. Ils illustrent tantôt la bassesse humaine, l’alcoolisme qui sévit profondément pour rompre l’ennui, l’adultère quand on s’est lassé de l’autre.
C’est une galerie de paumés qui défile sous nos yeux attendris. Un jeune noir qui vit de petits boulots, de menus services rendus sur place et surtout de l’air du temps, ayant renoncé par avance à toute intégration d’ailleurs impossible.
Un adolescent shooté au chanvre et au shit et qui finira par payer de sa vie d’avoir voulu se frotter à plus fort que lui.
Une infirmière noire, dévouée, impliquée et intégrée, aux rapports troubles avec le médecin qui l’emploie.
Un vieil homme, solitaire et rustre, et dont le seul plaisir est de pêcher, coincé dans sa cabane sur patins calée sur la glace du lac gelé. Un vieillard qui a gagné à la loterie. Un gain inespéré qui pourrait changer sa vie mais dont la collectivité va vouloir s’arroger le bénéfice. Mais le comportement collectif stupide et veule emmènera ce petit monde à la catastrophe et à la honte infinie.
Bien d’autres personnages vous attendent dans ce très beau roman de Banks. Un roman qui parfois ressemble à une pièce de théâtre et où les divers protagonistes dialoguent intérieurement pour nous laisser voir comment chacun interprète, à sa façon, un évènement donné.
C’est la mariage des genres, la variété de ces situations quotidiennes anodines et banales mais superbement mises en scène par Banks qui font le charme indéniable de ce roman à part.
Si vous ne connaissez pas Banks, réparez cet oubli séance tenante !
Publié aux Editions Actes Sud – Léméac – 318 pages
Russel Banks nous projette au cœur d’une petite communauté de laissés pour compte de la société américaine et qui ont tout juste le moyen de payer un modeste loyer en compensation d’une de ces caravanes.
Certes, elles sont disposées en bordure d’un lac quasi déserté, en plain cœur du New Hampshire. Un Etat agricole, pauvre, sans industrie, sans travail et où seuls ceux qui n’ont pas d’autres choix, restent. C’est l’état où Banks vécut. La campagne, les collines, la chasse te la pêche. Et surtout, un hiver long et rigoureux, un froid glacial puisque la température descend fréquemment à moins vingt.
Comme toujours, Banks use d’une langue extraordinairement simple, dépouillée, minimale pour aller à l’essentiel, pour nous permettre de rencontrer les hommes et les femmes simples, essentiels, un peu bruts de décoffrage qu’il choisit de mettre en scène. Le langage est souvent familier et l’on croirait souvent assister à une scène en direct, prise sur le vif, sans détour.
Le roman commence par un long premier chapitre de plus de cent pages où nous voyons vivre la communuaté. Nous faisons connaissance de chacun de ses membres, représentatifs de tous les pauvres d’un Etat essentiellement blanc.
Il y a là un capitaine retraité de l’Armée de l’Air qui se prend un peu pour le leader de cette communauté, une ancienne militaire, vivant seule et en marge des conventions. Avec un penchant tout particulier pour l’élevage de cochons d’Inde. Un élevage qui va engendrer une croissance exponentielle de la population animale et donc de leurs déjections. A tel point que, même si ces animaux restent confinés, leur présence dérange la bienséance collective, perturbe les habitudes. Alors les pressions deviendront de plus en plus fortes, de plus en plus insidieuses pour obtenir la liquidation de ces centaines d’animaux qui auront fini par engloutir la caravane.
Les chapitres suivants pourraient être lus indépendamment les uns des autres, comme des nouvelles. Or on sait que Banks excelle dans le genre.
Ces chapitres donnent à voir tour à tour chacun des autres habitants de cette communauté. Ils illustrent tantôt la bassesse humaine, l’alcoolisme qui sévit profondément pour rompre l’ennui, l’adultère quand on s’est lassé de l’autre.
C’est une galerie de paumés qui défile sous nos yeux attendris. Un jeune noir qui vit de petits boulots, de menus services rendus sur place et surtout de l’air du temps, ayant renoncé par avance à toute intégration d’ailleurs impossible.
Un adolescent shooté au chanvre et au shit et qui finira par payer de sa vie d’avoir voulu se frotter à plus fort que lui.
Une infirmière noire, dévouée, impliquée et intégrée, aux rapports troubles avec le médecin qui l’emploie.
Un vieil homme, solitaire et rustre, et dont le seul plaisir est de pêcher, coincé dans sa cabane sur patins calée sur la glace du lac gelé. Un vieillard qui a gagné à la loterie. Un gain inespéré qui pourrait changer sa vie mais dont la collectivité va vouloir s’arroger le bénéfice. Mais le comportement collectif stupide et veule emmènera ce petit monde à la catastrophe et à la honte infinie.
Bien d’autres personnages vous attendent dans ce très beau roman de Banks. Un roman qui parfois ressemble à une pièce de théâtre et où les divers protagonistes dialoguent intérieurement pour nous laisser voir comment chacun interprète, à sa façon, un évènement donné.
C’est la mariage des genres, la variété de ces situations quotidiennes anodines et banales mais superbement mises en scène par Banks qui font le charme indéniable de ce roman à part.
Si vous ne connaissez pas Banks, réparez cet oubli séance tenante !
Publié aux Editions Actes Sud – Léméac – 318 pages
14.2.09
Serpents et piercings – Hitomi Kanehara
Attention, ça décoiffe ! Ce très court (premier) roman d’une jeune femme de 22 ans fut un best-seller au Japon. A croire que sexe, violence et trash forment un cocktail prisé au pays du soleil levant.
Rien ne vous sera épargné dans ce bouquin qui claque comme un coup de poing. Il faut croire que l’auteur a déjà une singulière expérience.
Si vous êtes du genre âme sensible, mieux vaut passer à autre chose. Si vous acceptez une littérature différente, au sens radical du terme, alors tentez l’expérience.
Les descriptions de piercing en vue d’obtenir une langue fourchue font froid dans le dos. Pour ma part, j’en avais presque l’estomac qui se soulevait. Les scènes de sexe sont particulièrement hard car pratiquées par un sadique qui ne peut jouir qu’en faisant souffrir sa partenaire, en la maintenant à la limite de l’asphyxie.
Encore une fois, rien ne sera laissé de côté : ni les beuveries incessantes, ni les meurtres violents, ni les tortures physiques et psychologiques. Il ne peut y avoir de jouissance dans ce roman étrange et dérangeant qu’à la recherche de l’extrême, sans retour possible vers la normalité.
Espérons que ces descriptions hallucinantes d’une course effrénée vers toutes les formes de sensations fortes en vue de donner un sens à une vie qui n’a pas trouvé d’autres moyens d’expression, ne soient en rien le reflet d’une jeunesse nippone en mal d’idéal.
Sinon, c’est à en avoir froid dans le dos…
Vous êtes prévenus. A vous de voir.
Publié aux Editions Grasset – 163 pages
Rien ne vous sera épargné dans ce bouquin qui claque comme un coup de poing. Il faut croire que l’auteur a déjà une singulière expérience.
Si vous êtes du genre âme sensible, mieux vaut passer à autre chose. Si vous acceptez une littérature différente, au sens radical du terme, alors tentez l’expérience.
Les descriptions de piercing en vue d’obtenir une langue fourchue font froid dans le dos. Pour ma part, j’en avais presque l’estomac qui se soulevait. Les scènes de sexe sont particulièrement hard car pratiquées par un sadique qui ne peut jouir qu’en faisant souffrir sa partenaire, en la maintenant à la limite de l’asphyxie.
Encore une fois, rien ne sera laissé de côté : ni les beuveries incessantes, ni les meurtres violents, ni les tortures physiques et psychologiques. Il ne peut y avoir de jouissance dans ce roman étrange et dérangeant qu’à la recherche de l’extrême, sans retour possible vers la normalité.
Espérons que ces descriptions hallucinantes d’une course effrénée vers toutes les formes de sensations fortes en vue de donner un sens à une vie qui n’a pas trouvé d’autres moyens d’expression, ne soient en rien le reflet d’une jeunesse nippone en mal d’idéal.
Sinon, c’est à en avoir froid dans le dos…
Vous êtes prévenus. A vous de voir.
Publié aux Editions Grasset – 163 pages
12.2.09
Vie, jeu et mort de Lul Mazrek – Ismail Kadaré
Le grand écrivain albanais, Ismail Kadaré, se livre une fois de plus à une critique désopilante et acerbe de la société albanaise au temps du régime communiste désormais abattu. On se surprendra à sourire souvent à la lecture de ce gentil roman, non essentiel, mais qui fait passer un bon moment.
L’originalité de ce roman est de donner une place essentielle aux morts et en particulier aux héros antiques, Hector et Andromaque, l’île de Bathrint, où se trouvent les vestiges d’un théâtre antique et d’une réplique de Troie, jouant un rôle particulier dans ce récit loufoque.
Le propos de l’auteur est de montrer, en se gaussant, jusqu’où le régime totalitaire albanais était prêt à aller dans l’intoxication pour entraver une redoutable épidémie de fuites à la frontière avec la Grèce.
Pour cela, le régime n’hésitera pas à enrôler des prostituées de luxe pour démasquer les candidats dans les stations balnéaires, à exhiber des cadavres douteux pour refroidir les ardeurs et bien sûr, à emprisonner les politiques qui ont failli puisqu’ils sont inévitablement responsables.
Une intrigue compliquée mêlant amour et pièce de théâtre finira par se nouer sous nos yeux intrigués.
Avec bonheur, à chaque fois que l’on pense deviner la suite, Kadaré prend un malin plaisir à nous entraîner dans une direction inattendue et inventive.
Mais tout finira en tragédie, car même une fois le régime haï tombé, on ne badine pas avec les secrets d’état.
Amusant mais non indispensable.
Publié aux Editions Fayard – 276 pages
L’originalité de ce roman est de donner une place essentielle aux morts et en particulier aux héros antiques, Hector et Andromaque, l’île de Bathrint, où se trouvent les vestiges d’un théâtre antique et d’une réplique de Troie, jouant un rôle particulier dans ce récit loufoque.
Le propos de l’auteur est de montrer, en se gaussant, jusqu’où le régime totalitaire albanais était prêt à aller dans l’intoxication pour entraver une redoutable épidémie de fuites à la frontière avec la Grèce.
Pour cela, le régime n’hésitera pas à enrôler des prostituées de luxe pour démasquer les candidats dans les stations balnéaires, à exhiber des cadavres douteux pour refroidir les ardeurs et bien sûr, à emprisonner les politiques qui ont failli puisqu’ils sont inévitablement responsables.
Une intrigue compliquée mêlant amour et pièce de théâtre finira par se nouer sous nos yeux intrigués.
Avec bonheur, à chaque fois que l’on pense deviner la suite, Kadaré prend un malin plaisir à nous entraîner dans une direction inattendue et inventive.
Mais tout finira en tragédie, car même une fois le régime haï tombé, on ne badine pas avec les secrets d’état.
Amusant mais non indispensable.
Publié aux Editions Fayard – 276 pages
8.2.09
Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver
Tout d’abord, il convient de dire que le prénom de l’auteur pourrait prêter à confusion : Lionel Shriver est une femme, américaine et journaliste de son état.
Son roman « Il faut qu’on parle de Kevin » (traduction littérale du titre original) est un roman choc. Un de ceux dont vous ne sortirez pas indemne et qui vous hante, longtemps après l’avoir refermé.
Avant d’écrire son roman, Lionel Shriver a longuement enquêté sur les raisons qui peuvent pousser des adolescents américains, souvent sans histoire, à basculer soudainement dans le crime et l’horreur en commettant des tueries gratuites et hyper-violentes sur des campus scolaires. On pourra lire utilement l’interview suivante qu’elle a donnée à Montréal :
http://www.voir.ca/actualite/actualite.aspx?iIDArticle=44377
Ce livre se présente sous la forme d’un long monologue d’une femme, Eva, à qui tout a réussi, en apparence du moins. PDG d’une société qui publie des guides touristiques du type « Routard », elle est riche, mariée. Pourtant, très vite, nous allons apprendre que son fils, Kevin, a commis l’indicible en tuant neuf de ses camarades, une professeur et un employé de cafétaria un certain JEUDI.
Eva, séparée de son mari (attendez la fin du roman pour comprendre), éprouvée par le choc terrible de découvrir son fils assassin et sortant d’une série de procès au civil comme au pénal, éprouve un irrépressible besoin de se confier par écrit à son époux. Une thérapie littéraire en sorte où rien ne sera laissé de côté. Une exploration absolue de l’intime d’une femme américaine située du bon côté de la barrière sociale.
Comment en sont-ils arrivés là ? Quelle est la part de responsabilité de chacun des parents ? Qu’auraient-ils dû faire pour éviter cela et était-ce évitable ?
Autant de questions qui vont amener une intense et douloureuse introspection en tant que femme, épouse et mère. Or c’est là la force incroyable de ce roman unique : entrer profondément dans l’auto-analyse, sans circonstances atténuantes car la recherche de sa vérité (il ne peut y avoir une seule vérité face à ces questions qui sont et resteront pour beaucoup sans réponses) est structurante pour Eva. Tenter de répondre c’est pouvoir encore vivre, c’est exorciser le mal. Il y a une intense sensibilité féminine, un amour sincère dans chacune des longues lettres qu’Eva rédige à l’intention de son époux, Franklin.
Rien n’est laissé dans l’ombre : la relation sulfureuse mère-fils, le rejet d’un enfant envahissant et perturbant, le refus de voir la réalité, le caractère psychologiquement gravement perturbé de l’enfant laissé sans traitement idoine, l’absence de front commun parental, la préférence donnée à la sœur cadette…
Chaque point est longuement examiné, comme dans un procès virtuel, en disséquant crûment chaque moment essentiel de la vie familiale et en le regardant a posteriori.
L’auteur se livre également à une assez féroce critique de la société américaine républicaine et à ses clichés. L’opulence, la richesse, l’autosatisfaction et l’aveuglement ne joueraient-ils pas un rôle dans ce besoin, pour ces adolescents, à s’affirmer autrement puisque tout est déjà fait, acquis, atteint ?
Quel rôle la télévision, Internet, les jeux vidéo jouent-ils dans la banalisation de la violence comme mode d’expression par défaut ? Tous ces points sont abordés de façon conséquente dans l’introspection d’Eva sans pour autant chercher à se défausser de sa responsabilité de parent.
Au-delà de la charge émotionnelle propre à l’horrible JEUDI, ce roman nous interpelle sans cesse sur nos rôles en tant que parents, adultes, conjoints, sur notre relation au modèle social dominant, sur notre capacité à réfléchir et à agir pour prévenir une catastrophe. Il est impossible de rester en dehors ce qui est présenté car nous avons toutes et tous, à un moment ou un autre, eu à gérer au moins une situation similaire dans notre vie de couple ou de parents.
La fin du roman est particulièrement éprouvante : elle marque le point d’orgue d’une longue descente aux enfers qu’aucun des deux parents n’aura su prévenir et encore moins arrêter. Pire, ils en sont indubitablement co-responsables, à des degrés divers.
Un roman intense, bouleversant, dur et auquel il est impossible de rester insensible. Un très grand livre.
Publié aux Editions Belfond – 486 pages
Son roman « Il faut qu’on parle de Kevin » (traduction littérale du titre original) est un roman choc. Un de ceux dont vous ne sortirez pas indemne et qui vous hante, longtemps après l’avoir refermé.
Avant d’écrire son roman, Lionel Shriver a longuement enquêté sur les raisons qui peuvent pousser des adolescents américains, souvent sans histoire, à basculer soudainement dans le crime et l’horreur en commettant des tueries gratuites et hyper-violentes sur des campus scolaires. On pourra lire utilement l’interview suivante qu’elle a donnée à Montréal :
http://www.voir.ca/actualite/actualite.aspx?iIDArticle=44377
Ce livre se présente sous la forme d’un long monologue d’une femme, Eva, à qui tout a réussi, en apparence du moins. PDG d’une société qui publie des guides touristiques du type « Routard », elle est riche, mariée. Pourtant, très vite, nous allons apprendre que son fils, Kevin, a commis l’indicible en tuant neuf de ses camarades, une professeur et un employé de cafétaria un certain JEUDI.
Eva, séparée de son mari (attendez la fin du roman pour comprendre), éprouvée par le choc terrible de découvrir son fils assassin et sortant d’une série de procès au civil comme au pénal, éprouve un irrépressible besoin de se confier par écrit à son époux. Une thérapie littéraire en sorte où rien ne sera laissé de côté. Une exploration absolue de l’intime d’une femme américaine située du bon côté de la barrière sociale.
Comment en sont-ils arrivés là ? Quelle est la part de responsabilité de chacun des parents ? Qu’auraient-ils dû faire pour éviter cela et était-ce évitable ?
Autant de questions qui vont amener une intense et douloureuse introspection en tant que femme, épouse et mère. Or c’est là la force incroyable de ce roman unique : entrer profondément dans l’auto-analyse, sans circonstances atténuantes car la recherche de sa vérité (il ne peut y avoir une seule vérité face à ces questions qui sont et resteront pour beaucoup sans réponses) est structurante pour Eva. Tenter de répondre c’est pouvoir encore vivre, c’est exorciser le mal. Il y a une intense sensibilité féminine, un amour sincère dans chacune des longues lettres qu’Eva rédige à l’intention de son époux, Franklin.
Rien n’est laissé dans l’ombre : la relation sulfureuse mère-fils, le rejet d’un enfant envahissant et perturbant, le refus de voir la réalité, le caractère psychologiquement gravement perturbé de l’enfant laissé sans traitement idoine, l’absence de front commun parental, la préférence donnée à la sœur cadette…
Chaque point est longuement examiné, comme dans un procès virtuel, en disséquant crûment chaque moment essentiel de la vie familiale et en le regardant a posteriori.
L’auteur se livre également à une assez féroce critique de la société américaine républicaine et à ses clichés. L’opulence, la richesse, l’autosatisfaction et l’aveuglement ne joueraient-ils pas un rôle dans ce besoin, pour ces adolescents, à s’affirmer autrement puisque tout est déjà fait, acquis, atteint ?
Quel rôle la télévision, Internet, les jeux vidéo jouent-ils dans la banalisation de la violence comme mode d’expression par défaut ? Tous ces points sont abordés de façon conséquente dans l’introspection d’Eva sans pour autant chercher à se défausser de sa responsabilité de parent.
Au-delà de la charge émotionnelle propre à l’horrible JEUDI, ce roman nous interpelle sans cesse sur nos rôles en tant que parents, adultes, conjoints, sur notre relation au modèle social dominant, sur notre capacité à réfléchir et à agir pour prévenir une catastrophe. Il est impossible de rester en dehors ce qui est présenté car nous avons toutes et tous, à un moment ou un autre, eu à gérer au moins une situation similaire dans notre vie de couple ou de parents.
La fin du roman est particulièrement éprouvante : elle marque le point d’orgue d’une longue descente aux enfers qu’aucun des deux parents n’aura su prévenir et encore moins arrêter. Pire, ils en sont indubitablement co-responsables, à des degrés divers.
Un roman intense, bouleversant, dur et auquel il est impossible de rester insensible. Un très grand livre.
Publié aux Editions Belfond – 486 pages