Les cœurs découpés, ce sont ceux qui ornent les volets bleus, en bois, d’une cité Parisienne, quelque part du côté de la rue Lepic et qui n’existe peut-être que dans l’imaginaire d’un vieil homme, Charles. Une cité dont les volets clos abritent un secret que Charles ne révèlera à son entourage qu’à la toute fin de sa vie, au moment où la conscience du réel part en lambeaux.
Les cœurs découpés ce sont aussi ceux des membres de cette famille bourgeoise et parisienne dont nous allons suivre, à grands traits, dans un raccourci saisissant les démêlés et les secrets.
Voici une fille, Judith, aux étranges yeux jaunes qui nomment son père et sa mère par leurs prénoms et qui s’expriment dans un langage particulièrement élaboré pour son âge. Une jeune fille habitée par le désir d’être aimée, dorlotée et surveillée par un oncle boiteux, ancien héros de la résistance, ex-déporté et ayant tout perdu dans cette Algérie qui ne se voulut plus française.
Pourquoi une telle froideur entre Judith et sa mère Joséphine, grande bourgeoise, femme superbe et hautaine ? Pourquoi ce malaise avec son père Charles ? Pourquoi ce couple se déchire-t-il en coulisses ?
C’est dans l’univers des mensonges du monde adulte, dans celui des apparences de bienséance et des sentiments refoulés que nous entraine avec un certain talent Brigitte Smadja.
Il existe une grande pudeur dans ce livre qui fait la place belle à l’émotion, à la psychologie, à la difficulté à devenir soi-même adulte quand on n’a jamais été vraiment enfant.
Je ne classerai pas ce roman parmi les grands écrits mais sa construction, son intimité, la finesse de son approche en fait malgré un joli livre à découvrir. Le deuxième roman ce l’auteur, professeur de lettres modernes, et publié en 1999.
Publié aux Editions Actes Sud -223 pages