M.T. Giordana est avant tout un metteur en scène et, en particulier, celui de la trilogie « Nos meilleures années » qui a connu un immense succès en 2003.
Autant dire que sa culture cinématographique se ressent très rapidement dans ce gros roman dont la construction donne souvent l’impression de nous faire découvrir un scenario hyper détaillé, précis, minutieux. Une minutie qui frise parfois le laborieux tant on descend profondément dans la description des lieux, des gestes, des actes, comme pour donner une série d’instructions capricieuses aux mouvements de camera à suivre.
En outre, le style de Giordana manque totalement de naturel. L’auteur se complait dans une emphase permanente et hyperlative. Il enchaîne les phrases d’une longueur propre au XIXeme siècle tout en adoptant un style ampoulé, lourd, à la limite, parfois, d’en rendre la lecture fastidieuse.
A ce titre, la scène de l’extraction de la balle par le personnage principal, médecin embourgeoisé, d’un terroriste qui fut, au temps de sa jeunesse, un amant sans lendemain, est symptomatique. On se croirait à un cours de médecine en direct. Chaque os, chaque muscle nous est répertorié avant de décrire par le menu et avec force phrases pesantes, chacun des gestes du praticien.
Le roman est celui de la confrontation des classes d’une Italie rongée par le terrorisme. Aucun des clichés ne nous est épargné entre les patrons riches et les ouvriers, gentiment exploités avec paternalisme.
L’intrigue qui va se nouer avec une extrême lenteur est comme le roman : pesante, compliquée, avec des rebondissements tissés à la grosse ficelle.
Bref, le roman, disons-le, est assez raté. Vous trouverez bien d’autres bien beaux livres à découvrir avec Cetalir.
Publié aux Editions JC Lattès – 340 pages