Voilà un nouveau roman, publié aux excellentes éditions Gallmeister qui ont pour politique éditoriale de publier des romans américains ayant eu plus ou moins de mal à trouver leur public sur leur marché, et qui s’inscrit clairement dans la tradition « Nature writing ».
D’ailleurs, au bout de quelques pages, on ne peut manquer de penser à deux chefs-d’œuvre que sont « L’homme qui marchait sur la lune » de Howard Mccord ou bien encore « Sukkwan Island » de David Vann dont vous trouverez les notes de lecture sur Cetalir.
Même thématique avec une longue randonnée en pleine nature dans l’une de ces immensités peu peuplées, voire désertes, dont regorgent les Etats-Unis. Et, soudain, la plongée en plein drame et le glissement brutal, sans transition, vers la violence la plus totale et le déroulement d’un thriller haletant.
C’est ce qui se passe exactement ici avec ces deux personnages, Mack et son ex-épouse Vonnie. Mack vient de sortir de prison après une longue descente vers l’alcool, la drogue et la violence qui lui valurent la faillite de son mariage et le déclin accéléré de son ranch. Au prétexte de vouloir définitivement tourner la page et de laisser un meilleur souvenir que l’image qu’il a produite en prison, il invite Vonnie à venir faire une ultime randonnée sur les chemins qu’ils ont sillonnés ensemble chaque année pendant huit ans. Un moyen de se dévoiler enfin l’un à l’autre, pour se dire ce qu’ils n’ont jamais su ou voulu avouer jusqu’ici.
Mais pour Mack et en cachette de Vonnie, cette randonnée est aussi un moyen de se faire de l’argent pour éponger une partie de ses dettes en retrouvant la trace d’une mystérieuse balise pour le compte d’un acolyte louche avec lequel il fricote depuis pas mal de temps.
Après une bucolique partie de pêche, la randonnée va tourner au cauchemar et le couple devenir l’objet d’une traque farouche de la part d’une petite troupe d’hommes déterminés et prêts à tout pour ne pas laisser de trace de certains trafics dangereux et illicites.
Tout cela est bien fait et construit de façon à captiver le plus longtemps possible l’attention d’un lecteur censé ne pas refermer le bouquin avant que de ne l’avoir dévoré d’un trait comme l’indique les bandeaux racoleurs. C’est à peu près le cas, sans toutefois atteindre la perfection, la cruauté, le caractère implacable et inéluctable des choses et situations qui firent de Sukkwan Island ou de L’homme qui marchait sur le lune d’authentiques et haletants romans. La faute sans doute à une analyse psychologique plus sommaire et à un dénouement qui manque de grandiose tragique.
Publié aux Editions Gallmeister – 2011 – 223 pages