Publié fin 2009, cet ouvrage d’enquête journalistique sur le monde de la politique et de l’argent conserve toute son actualité, particulièrement à moins d’un an maintenant des élections présidentielles.
Extrêmement documenté, précis et factuel, ce livre ne se présente pas (trop) comme un témoignage à charge. Il met juste en évidence des faits suffisamment troublants et convaincants pour faire tomber l’illusion (mais existe-t-elle encore ?) que derrière la façade bien pratique de l’intérêt général mis si souvent en avant par nos élus, se cache avant tout la somme des intérêts particuliers.
Il est en effet tout simplement incroyable que nos élus publient de mauvaise grâce et de façon partielle (sans montants) ou fausse (avec des montants notoirement sous-évalués) leurs patrimoines alors qu’ils en ont l’obligation légale et qu’une entité a été mise en place spécialement pour contrôler ses déclarations. Une entité qui bien sûr, composée largement d’élus, se contente d’enregistrer sans presque jamais poser de questions et encore moins sanctionner sauf à de très rares exceptions où le scandale guette.
Il est saisissant de voir en quoi notre République est devenue, par dérives successives, une véritable monarchie républicaine offrant ses ors et ses fastes, sans quasi contrôle, à un Président et sa cour, à ses ministres et leurs collaborateurs délivrant ainsi des conditions de vie dignes de milliardaires.
A ce titre, les pires en matière d’abus monarchique semblent avoir été Mitterrand et Chirac. Le premier passa son existence à dissimuler sous une apparence bonhomme une vie de grand bourgeois entretenant une double vie et une double famille aux frais de la nation. Le second vit, d’après cette enquête, aux crochets du pouvoir public et de ceux qui, au Liban, lui sont redevables depuis des décennies, ayant perdu toute notion de l’argent et de la réalité quotidienne. Il fut le monarque de l’argent roi, l’utilisateur et le bénéficiaire des valises d’argent liquide qui firent le lit de la politique jusqu’à il y a peu encore.
Certes, une immensité de petits élus sont loin de ces dérives et se consacrent avec dévotion à leurs charges. Mais les crocodiles de la politique, comme le montre cet ouvrage, de tous bords, entretenus par une cohorte de courtisans qui constitue une barrière opaque avec la réalité finissent par perdre tout contrôle et sombrer facilement dans la tentation d’une vie d’opulence que ne justifie pas leurs charges.
Rien de nouveau, me direz-vous, le pouvoir ayant toujours appelé l’argent et les courtisans. Certes, mais les errements du début du mandat de notre actuel président – qui semble depuis s’être amendé, histoire de se refaire une image pour une élection qui se présente comme difficile – et les mauvaises habitudes prises depuis une trentaine d’années mériteraient une reprise en mains radicale. Elle aurait le double mérite d’assainir nos finances et de donner l’exemple d’une vertu républicaine propice à redonner goût à une politique au sens étymologique du terme.
On ne peut que recommander cette lecture pour décoder les arrière-pensées de celles et ceux qui vont bientôt briguer nos voix !
Publié aux Editions Albin Michel – 2009- 343 pages