Etranges récits à mi-chemin entre collections de courtes nouvelles et court roman syncopé, Geneviève Brisach nous entraine une fois encore dans son univers personnel, fait d’imaginaire, de tendresse et de jolis sentiments.
Un univers qui gravite autour de quatre personnages tournant en boucle. Ils s’appellent Max, Gerbert, Fleur et Melissa Scholtès. Cette dernière est la pédiatre des enfants de Fleur qui est mariée à Gerbert.
Un univers où la crainte est rémanente, diffuse et sournoise. La peur de tout : d’un improbable attentat en train, de perdre ses enfants qui grandissent, de s’ennuyer dans la vie, des mauvaises rencontres en vacances au loin, de la guerre. La crainte aussi et surtout pour les femmes de perdre leur mari, leur amant, de ne plus savoir être aimées ou de se rendre aimables et désirables. Tant et si bien que ce qui est redouté finira par arriver, inéluctablement.
Les chapitres défilent, très vite au fil de ce roman qui se lit à toute allure. Ils sont souvent impertinents, presque toujours mélancoliques. Quand ils vous arrachent un sourire, c’est celui de la dérision, jamais celui de l’explosion spontanée.
En fait, c’est à travers les représentations mentales de leurs mondes que nous fait voyager G. Brisach. Des mondes où la prise sur le réel est évanescente, un monde fait de mots et de maux. Un monde où la joie est difficile à trouver, où tout finira par rater.
C’est à une collection de moments doucement tristes que nous assistons, à une grande éclaboussure de petites cruautés, de ratages, ceux qui conduisent à l’incompréhension et qui amènent toujours les autres à se détourner de vous.
Un livre à vous faire renoncer à toute famille, à se cacher sous la couette en attendant des jours meilleurs quand le léger désespoir vous aura quitté.
Bref un roman gris noir au fond, décapant et jouissif, au second degré, sur la forme.
Publié aux Editions de l’Olivier – 173 pages