28.4.12

Amours transversales – Catherine Cusset



Voici un livre assez typiquement féminin, un livre sur le désir, sur les ravages de la passion qui s’abat sur ces personnages aux vies parallèles, dans tous les sens du terme, sur la pulsion qui vous pousse à renier vos engagements de fidélité envers celui ou celle que vous vous êtes engagés à aimer presque servilement.
Ce sont ces « Amours Transversales » qui lient Myriam, actrice quadragénaire qui rencontre le succès tardivement, mère de deux enfants et épouse de Xavier, et  tous les personnages qui vont se succéder jusqu’à former une fresque allégorique de l’amour et de la passion sous tous ses aspects y compris les plus abjects.

Myriam qui fut éperdument et platoniquement amoureuse de Hans alors qu’elle avait dix-huit ans et qui va partir à sa recherche dans Berlin, si proche et si tentante, sur un coup de tête, lors d’un tournage à Prague. Myriam qui va enchaîner les adultères comme on enchaîne les concours, jusqu’au dégoût, pour se rassurer, pour se prouver qu’elle est encore aimable, pour se fabriquer une galerie de souvenirs avant de retourner sagement au foyer.

Un foyer où l’attend Xavier, , chirurgien viscéral, époux fidèle malgré la passion qui s’empara de lui pour Camille, accidentée de la route, artiste peintre et pour laquelle il faillit tout abandonner, incapable de résister à cette beauté particulière, singulière, unique puisque passionnelle de cette jeune femme de vingt ans sa cadette.

Camille que l’on retrouvera mariée à Guillermo, en voyage à Cancun et dont la conduite, la gentillesse et la naïveté déclencheront les réactions cataclysmiques de Luis, Indien au service de l’entretien des jardins du grand hôtel où elle réside quelques jours.

Bref, C. Cusset s’acharne à nous démontrer ce que nous savons tous déjà, pour l’avoir plus ou moins éprouvé une fois dans nos vies : l’amour peut ravager, tout balayer, emporter nos plus résistantes convictions, nous effacer de la carte des sages et faire de nous un jouet dans les mains plus ou moins manipulatrices de l’autre.

Il y a d’ailleurs une forme de perversion sophistiquée dans l’élaboration de ces tableaux tourmentés et violents, balayés par le vent du cœur, celui qui emporte tout esprit et toute raison. Le livre aurait cependant gagné en impact en montant cette perversion d’un cran, en faisant de ces hommes et de ces femmes des pantins moins raisonnables, en descendant au plus profond de ces âmes déchirées, attirées par les sulfurances du purgatoire putride.

Ce roman reste trop intellectuel, parfois trop convenu, pour que l’on y adhère sans réserve. On le lit finalement avec la tête alors qu’il eût fallu qu’il nous emportât par les tripes.

Publié aux Editions Gallimard -202 pages