2.3.13

L’homme qui marchait sur la lune – Howard McCord



Voici un court roman, étrange, fascinant et inclassable qui a rencontré un immense succès aux Etats-Unis.

Qui se cache derrière William Gasper, du moins est-ce le nom qu’il se donne, ce randonneur solitaire sur une montagne aride et hostile, la Lune, perdue en plein désert du Nevada ?

Infatigable, se nourrissant de quelques fruits secs et de thé, dormant à la dure, il parcourt de long en large cette montagne qu’il connaît comme sa poche. Pourquoi recèle-t-il dans un conteneur loué pour une somme modique un petit arsenal qu’il chérit comme ce qu’il aurait de plus cher ?

Peu à peu, Gasper va nous apprendre qu’il fut, en fait, un tueur à gage qui agit, sous couvert militaire, pour le compte d’obscures organisations. Il hante ces monts comme certains de ses souvenirs le hantent lui-même. Cependant, un beau jour, un homme apparaît sur la même montagne qu’il a fait sienne et semble le pister. Commence une fascinante  course poursuite où le fantastique, l’irruption de l’inconscient surgissent en plein réel jusqu’à l’altérer. Le livre se poursuivra à un rythme soutenu comme celui du marcheur et s’achèvera de façon totalement inattendue et surprenante. A la violence du paysage hostile se superposera la violence humaine, brute et froide.

McCord est un orfèvre des mots. En faisant de Gasper un homme autiste et profondément cultivé mais aussi un tueur maître de soi, il trouve un prétexte idéal pour mettre dans sa bouche une symphonie verbale époustouflante. Chaque phrase est ciselée, chaque mot est soigneusement choisi, orchestré avec minutie. Les descriptions des paysages austères dans lesquels toute l’action se situe sont d’une richesse inouïe. Comme ces mots sont au service d’une intrigue originale et bien ficelée, il en résulte un petit bijou de littérature contemporaine américaine.

Publié aux Editions Gallmeister -, 134 pages