Il est toujours embarrassant de déterminer avec précision
les raisons pour lesquelles un livre nous a laissé de marbre. Sans doute, une
part de notre scepticisme sur ce roman tient-elle à une traduction laborieuse
qui fait que l’on éprouve encore plus de mal à adhérer à une histoire qui peine
à trouver son souffle.
Mais la principale réserve provient certainement du fond
lui-même. On ne croit jamais à l’histoire proposée et chaque tentative pour
nous faire rire ou sourire peine à entrainer la moindre esquisse de
satisfaction, même fugace.
Nous suivrons donc avec un certain ennui les tribulations
d’un frère et d’une sœur, jumeaux, et de leur insupportable mère qui sombre
lentement mais sûrement dans un gâtisme que la méchanceté et l’égoïsme
entretiennent vaillamment.
Pourtant, le fils ne semble vivre que pour sa mère. Employé
des services d’hygiène d’une petite ville anglaise, il vit sous la coupe et la
terreur de sa mère qui n’éprouve au fond que mépris pour ce fils pusillanime, sans
cesse retranché dans son monde intérieur. Les femmes d’une façon générale lui
font une peur bleue et c’est la raison pour laquelle il n’a jamais été capable
d’entretenir une relation sérieuse et encore moins de se marier. Il se console
en pratiquant fugacement l’onanisme en contemplant un dessin d’une jeune et
jolie patineuse au fond de la cabane de jardin de la propriété maternelle.
Tout un chacun abuse de lui, incapable qu’il est de se
défendre. Sa mère, bien sûr, qui le manipule et lui fait faire ses quatre
volontés. Sa sœur jumelle, fâchée à mort avec leur mère, lesbienne qui
collectionne les mésaventures amoureuses en chaine et qui se décharge
entièrement sur lui, en se gaussant de son manque de caractère, pour ce qui concerne
l’accompagnement quotidien de plus en plus lourd qu’engendre une mère acariâtre
et peu autonome.
Finalement, le monde entier semble en vouloir à ce pauvre
garçon depuis sa plus tendre enfance. Il faut dire qu’étant incapable de gérer
le moindre conflit, ne sachant pas prendre la moindre décision d’importance, il
a le chic pour s’enfermer dans des situations impossibles, devenant l’esclave
ou l’ennemi des autres.
Tout juste a-t-il su gagner l’amour d’une petite fille que
sa sœur a sauvé de façon rocambolesque d’un accident de la circulation et qu’il
chérit au-delà du raisonnable. Pourtant, il sera là aussi incapable de voir la
solitude de la mère de l’enfant parce qu’il est tout simplement incapable de
vraiment s’intéresser aux autres.
A force de vouloir empêcher sa mère de changer de police
d’assurance pour la maison qu’elle occupe au motif de vouloir grappiller
quelques sous, il va finir par découvrir les cachoteries et duperies de sa
génitrice et se libérer de la terreur qu’elle exerce sur lui.
A la suite d’une série improbable d’évènements auquel on
n’adhérera pas une seconde, le roman s’achève en nous laissant croire que le
personnage falot central saura devenir un homme autonome et responsable.
Une conclusion aussi improbable que le poussif scenario qui
la sous-tend…
Publié aux Editions de l’Olivier – 2001 – 316 pages