23.2.16

Le démon de la vie – Patrick Grainville


Jusque-là, la vie se déroulait de façon paisible dans ce petit village du sud de la France, du côté du massif des Maures. Beaucoup d’Anglais en villégiature, trustant les bars et les villas luxueuses. Un gentil petit couple d’adolescents que leurs parents, bien permissifs, laissent allégrement découvrir les jeux de l’amour et du sexe à à peine quatorze ans. Et puis, en face de chez eux, clos derrière une muraille qui fait jaser, un millionnaire original, passionné d’art et vivant lui aussi une passion déraisonnable pour une femme considérablement plus jeune que lui, bien en chair, un peu à la manière d’une de ces filles de Rubens dont il admire la peinture.

Et puis un jour, l’impensable survient. Un tigre maintenu secrètement en captivité dans l’immense parc de la villa du fortuné original s’échappe. Après avoir attaqué un chien et une passante, il s’enfuit semant panique et terreur. L’armée, la gendarmerie seront rameutées en vain. Rien n’y fait, impossible de trouver la bête sauvage. Alors, on fait appel à un Anglais traqueur de cet animal, un art qu’il a appris en Inde et en Afrique.

Sur cette traque qui sert de prétexte et de fil rouge à son roman, Patrick Grainville élabore une histoire qui ne cesse de tourner autour des jeux de l’amour, de la séduction et de ses déceptions.
Pendant que les deux adolescents s’adonnent avec frénésie à la découverte de tous les plaisirs que leurs corps peuvent leur réserver, leurs parents se déchirent sur fond d’adultère entre la mère du jeune homme et le père de la jeune fille. Plus la traque progresse, plus les couples explosent comme si la folie qui entoure l’animal recherché se déportait sur les humains. D’autant que le traqueur britannique engagé semble plus préoccupé à tenter sa chance auprès d’une belle jeune femme jouant un jeu dangereux avec l’animal qu’à effectuer la mission pour laquelle on l’a engagé. Et puis, pendant ce temps, la plantureuse amante du riche célibataire s’est fait la malle en Thaïlande pour, là encore, éprouver de pervers frissons entre tigres tenus en laisse et moines bouddhiques qu’elle ne va pas tarder à débaucher.

Ce jeu permanent de l’amour, de ses tentations, de ses rebondissements est ce que Grainville appelle le « démon de la vie ». Certes. Mais fallait-il pour autant imaginer une histoire aussi emberlificotée ? On a grand-peine à adhérer à un récit qui finit par traîner en longueur à force de tenter de multiplier des situations qui se veulent cocasses et ne font que tomber à plat. J’ai du vraiment me forcer pour ne pas, moi aussi, laisser tomber la traque en refermant à jamais un roman que j’oserai qualifier de tout juste moyen.


Publié aux Editions du Seuil – 2016 – 275 pages