Comme le titre le
suggère, parfois la vie peut se trouver bouleversée, prendre des tours
inattendus. C’est ce qui va arriver à Anna qui vit avec sa fille dans
l’entresol d’un immeuble, enchaînant les ménages chez les bourgeois,
rafistolant les vêtements qu’elle se taille dans de vieilles nappes.
Depuis son appartement,
elle peut contempler celui de leurs voisins, un couple aisé qui occupe tout le
dernier étage d’un immeuble cossu donnant sur la mer et le port de Calgari. Un
appartement qui les fait rêver, inaccessible. Jusqu’au jour où leur voisin,
vêtu comme l’as de pique et semblant provenir d’une autre planète tant son
comportement semble détonner va s’enquérir de la possibilité de trouver une
gouvernante pour s’occuper de lui, sa femme l’ayant quitté en des termes peu
amènes.
Une occasion que ne
saurait manquer Anna qui va tout lâcher pour se consacrer à ce Mr Johnson, son
nouvel employeur, violoniste virtuose donnant des concerts sur des bateaux de
croisière. Peu à peu, les rapports entre Anna et Mr Johnson vont évoluer, tous
deux entretenant une relation aux questions érotiques et sexuelles quelque peu spéciale.
Depuis son appartement,
la jeune femme apprentie écrivain, avatar plus que probable de l’auteur, qui
est aussi la meilleure amie de la fille d’Anna, sert à la fois de confidente et
d’observatrice à une batterie de personnages rocambolesques dont les rapports
ne cessent d’évoluer au fur et à mesure que les situations progressent ou que
les coups de théâtre surgissent. Car de théâtre, il est bien question dans ce
court roman.
En Sardaigne, on vit
beaucoup dehors et les discussions, quand ce ne sont pas les interpellations,
fusent entre voisins dans les cages d’escalier qui servent de lieux d’échanges,
de rencontres hasardeuses ou provoquées. De ces personnages qui tous possèdent
une profonde fêlure, Milena Agus fait alors une sorte de comedia d’el arte
contemporaine, chacun devenant le bouffon de l’autre.
C’est assez sympathique,
délibérément effronté, un brin amoral et fera passer un agréable moment sans
pour autant se révéler un roman indispensable.
Publié aux Editions Liana
Levi – 2016 – 153 pages