Avant de rédiger mes posts, je passe en général toujours
quelques minutes pour compléter ma connaissance d’un auteur (ou la découvrir
lorsque l’éditeur n’a pas fait son travail) et regarder, par curiosité, ce que
d’autres critiques ou lecteurs ont pensé de l’œuvre.
Ici, la recherche sur Google pointe sur l’indigence. Tout
juste ramènera-t-elle de vagues photographies de la jaquette et un nom dans une
table d’indices. A part cela, rien !
Pourquoi ? Et, d’ailleurs quoi penser de cet
ouvrage ? Rédigé sur une période dix longues années (1944 – 1954) par un
auteur née en 1926 et récompensée de multiples prix hispaniques, ce roman m’a
laissé un goût bizarre et de largement inachevé. Tout se passe comme si l’idée
de base, pourtant intéressante, trouvait la plus grande difficulté à trouver
son chemin, à s’extraire avec élégance et naturel de la plume de l’auteur. Bien
au contraire, l’écriture y semble chaotique et presque laborieuse, les sauts de
temps et de lieu brutaux n’arrangeant rien pour faciliter une lecture un peu
pénible.
Ce que cherche à nous montrer l’auteur ici est que le
quintette de personnages principaux dont il sera question n’est rien d’autre
que les acteurs d’une petite pièce de théâtre moralisatrice, tirés par des enjeux
et des projets plus grands que leurs propres destins. Souvent frappés
d’atavisme (débilité, alcoolisme, folie hallucinatoire, paranoïa envers les
hommes, soumission passive), tous ses personnages sont en marge de la bonne
société qui finira par se venger de celles et ceux qui auront été les moins
tendres envers les bonnes mœurs.
Lorsque Marco débarque sur le port basque d’Oiquixa, il y
trouve un village conventionnel et largement endormi. Un village qui appartient
à Kepa, un ex vaurien embarqué à l’adolescence et parti faire fortune dans les
mers et les terres lointaines. Kepa vit seul, veuf d’une épouse qui fut la plus
belle fille des lieux mais qui mourut tôt et sans jamais l’aimer. De leur union
est née une fille, Zazu, une fille sauvage, à la beauté particulière, promise
de force à un capitaine parti en mer et à laquelle elle doit se marier sans
éprouver pour lui rien d’autre que le mépris. Car Zazu est une fille libre et
qui aime à se donner avec violence aux marins en goguette, aux hommes virils
dont elle jouit en proférant des mots orduriers terribles.
Marco, qui se fait passer pour le fils d’un Gouverneur riche
malgré ses habits élimés et ses propos abscons, prend sous sa protection un
jeune homme attardé dont personne ne sait vraiment l’âge, Ilé Eroriak, et qui
est le souffre-douleurs local. Ilé est passionné de marionnettes fabriquées et
jouées par un vieil homme solitaire.
Marco, qui mène grand train, va abuser de la confiance de
tous pour séduire Zazu et la rendre folle de lui et imposer à deux vieilles
filles chargées da matroner Zazu et qui se targuent de vouloir le bien des
pauvres, à l’exception notoire d’Ilé, de prendre ce dernier sous leur
protection, le présentant sous les traits d’un génie ignoré. Il séduira au
passage la plus jeune des deux femmes se préoccupant peu des dommages qu’il
causera dans les esprits de ses deux conquêtes aussi différentes que possible.
Tout finira mal, la véritable histoire personnelle de Marco
finissant par éclater. Les naïfs le paieront cher et la petite bourgeoisie bien
pensante finira par reprendre ses droits tout en laissant derrière elle une
petite cohorte de personnages détruits, effondrés à force de n’être plus
soutenus par les illusoires ficelles qui les faisaient se mouvoir.
Tout ceci fait assez penser aux structures du théâtre
baroque remis au goût de ce milieu de XXème siècle. Malheureusement, faute
d’allant on s’y ennuie fort.
Publié aux Editions L’Etrangère Gallimard – 1962 – 257 pages