19.8.18

La fille des Louganis – Metin Arditi



C’est en 2007 que Metin Arditi publiait son quatrième roman avec « La fille des Louganis ». Un roman en forme de tragédie grecque moderne.
Poussés par la grande crise mondiale, les frères Louganis sont arrivés ensemble à l’aube des années trente sur l’île de Spetses au large du Pirée. Ils s’y sont installés comme pêcheurs et s’y sont mariés. Deux enfants naquirent : Aris, beau comme un dieu grec et la douce Pavlina. Tout semblait aller au mieux dans ces petites vies de petites gens jusqu’au jour où les deux frères disparurent en mer sautant sur un pain de dynamite. Ce n’était pas un accident mais un crime doublé d’un suicide, l’un des frères venant de comprendre que celle qu’il pensait être sa fille n’était pas de lui mais de son frère.
Lorsque des années plus tard, Pavlina se retrouvera enceinte de celui qu’elle pense être son cousin, la malédiction se poursuivra. Tout sera mis en œuvre pour que le bébé, fruit d’un inceste qui s’ignore, soit adopté par une riche famille et séparé de sa mère dès sa naissance.
Tout au long de son roman Metin Arditi explore quatre thèmes principaux. Celui de l’amour souvent impossible ou interdit pour tous ces personnages qui semblent en manque de tendresse et en recherche permanente d’un corps susceptible de leur donner ces vertiges indispensables à leur équilibre. Celui de l’homosexualité masculine qui poussera Aris au suicide par un mélange de dépit amoureux, de désespoir et de rage vengeresse. Celui de la séparation : séparation des épouses de leurs maris morts de façon violente, séparation de la mère et de son enfant transformant le reste de sa vie en une quête permanente, compulsive et destructrice d’une fille dont elle ne sait rien et dont elle cherche les traits et les traces partout en en tous lieux. Celui du secret enfin dont les pans multiples se dévoilent peu à peu à tous ces personnages qui, malgré eux, détiennent une part d’un lourd fardeau dont ils ne parviennent à se délivrer pour la plupart qu’avec leur mort.
Malgré sa construction solide, « La fille des Louganis » n’est pas le meilleur roman de l’auteur. La faute à des personnages souvent caricaturaux ou stéréotypés. La faute aussi à une histoire qui accumule les drames et dont la conclusion, qui offre enfin une fenêtre d’un autre possible, semble toutefois assez peu crédible.
Publié aux Editions Actes Sud – 2007 – 238 pages