C’est en 2007 que Metin
Arditi publiait son quatrième roman avec « La fille des Louganis ».
Un roman en forme de tragédie grecque moderne.
Poussés par la grande
crise mondiale, les frères Louganis sont arrivés ensemble à l’aube des années
trente sur l’île de Spetses au large du Pirée. Ils s’y sont installés comme
pêcheurs et s’y sont mariés. Deux enfants naquirent : Aris, beau comme un
dieu grec et la douce Pavlina. Tout semblait aller au mieux dans ces petites
vies de petites gens jusqu’au jour où les deux frères disparurent en mer
sautant sur un pain de dynamite. Ce n’était pas un accident mais un crime
doublé d’un suicide, l’un des frères venant de comprendre que celle qu’il
pensait être sa fille n’était pas de lui mais de son frère.
Lorsque des années plus
tard, Pavlina se retrouvera enceinte de celui qu’elle pense être son cousin, la
malédiction se poursuivra. Tout sera mis en œuvre pour que le bébé, fruit d’un
inceste qui s’ignore, soit adopté par une riche famille et séparé de sa mère
dès sa naissance.
Tout au long de son roman
Metin Arditi explore quatre thèmes principaux. Celui de l’amour souvent
impossible ou interdit pour tous ces personnages qui semblent en manque de
tendresse et en recherche permanente d’un corps susceptible de leur donner ces
vertiges indispensables à leur équilibre. Celui de l’homosexualité masculine
qui poussera Aris au suicide par un mélange de dépit amoureux, de désespoir et
de rage vengeresse. Celui de la séparation : séparation des épouses de
leurs maris morts de façon violente, séparation de la mère et de son enfant
transformant le reste de sa vie en une quête permanente, compulsive et
destructrice d’une fille dont elle ne sait rien et dont elle cherche les traits
et les traces partout en en tous lieux. Celui du secret enfin dont les pans
multiples se dévoilent peu à peu à tous ces personnages qui, malgré eux,
détiennent une part d’un lourd fardeau dont ils ne parviennent à se délivrer
pour la plupart qu’avec leur mort.
Malgré sa construction
solide, « La fille des Louganis » n’est pas le meilleur roman de
l’auteur. La faute à des personnages souvent caricaturaux ou stéréotypés. La
faute aussi à une histoire qui accumule les drames et dont la conclusion, qui
offre enfin une fenêtre d’un autre possible, semble toutefois assez peu
crédible.
Publié aux Editions Actes
Sud – 2007 – 238 pages