Difficile de s’en sortir
quand, comme Jake Skowran, on a perdu son travail depuis que l’usine qui
employait une bonne partie de la ville américaine où il réside a fermé pour
être délocalisée au Mexique. Surtout si les factures s’accumulent et que les
expédients consistant à gager ou vendre ses maigres biens les uns après les
autres s’évanouissent. Alors trouver un boulot, n’importe lequel, devient
d’autant plus vital que Jake a en parallèle accumulé une grosse dette en paris
sportifs.
Du coup, lorsque le
mafieux local faisant office de bookmaker et de pourvoyeur de drogues en tous
genres lui propose de tuer sa femme, Jake n’hésitera guère avant d’accepter. Le
voici donc devenu en un rien de temps tueur à gage doublé d’un job de nuit
sous-payé dans une station-service de la zone locale. Une fois son premier
contrat exécuté, Jake va rapidement à la fois se révéler comme un véritable
homme de l’art ainsi que comme un gars décidé à ne plus se laisser marcher sur
les pieds quitte à flinguer à tout-va pour son propre compte.
Derrière ce portait
souvent assez drôle d’un faux méchant c’est celui de l’Amérique des laissés
pour compte et des petits que dresse Iain Levinson. L’Amérique qui galère pour
s’en sortir, celle qui vit ou plutôt survit dans des banlieues où il ne fait
pas bon de s’aventurer. Celle des baraques laissées à l’abandon faute de
pouvoir les rembourser, des petits truands qui vous pourrissent la vie, celle
des bars de seconde classe où descendre les bières les yeux dans le vide
devient un luxe que de moins en moins de fauchés sont capables de se payer. Un
polar au vitriol mais qui porte un regard plein d’une certaine tendresse envers
ceux qui sont frappés d’ostracisme.
Publié aux Editions Liana
Levi – 2003 – 211 pages