Chacun des livres
d’Olivier Martinelli est installé à mi-chemin entre la fiction et
l’autobiographie, la vie et les expériences heureuses ou malheureuses de
l’auteur nourrissant avec constance son imaginaire. « Mes nuits
apaches » y échappent d’autant moins que l’écrivain nous rappelle qu’il voit
très bien à qui il fait allusion dans cette histoire d’un jeune homme qui sera
sauvé de lui-même et de ses démons grâce au rock’n roll.
L’autre signe distinctif
d’Olivier Martinelli est de savoir écrire de manière simple et directe. Une
simplicité travaillée pour éliminer tout superflu empêchant de toucher l’âme de
ses lecteurs qui auront tôt fait de s’identifier aux personnages mis en scène.
Et puis ici, chacun des courts chapitres de ce joli roman est illustré par un
dessin façon BD, sur une pleine page, en noir et blanc, campant une scène
essentielle du récit qui se déroule sous nos yeux. Un procédé qui ne fait que
renforcer la projection du lecteur et à accumuler un capital de sympathie pour
le brave garçon malmené par la vie.
Ayant perdu son père à l’âge
de dix ans puis son frère aîné parti à l’autre bout du monde, Jonas doit tout à
la fois assumer un prénom jugé ridicule et trouver sa voie dans un monde dont
le repère maternel aura à son tour tôt fait de fléchir. Alors, les premiers
émois comme les grandes révélations surviendront grâce à la musique que
l’adolescent découvrira au départ grâce à la collection de disques laissée à
son intention par son aîné puis par la pratique d’un instrument et la
fréquentation assidue de groupes et de concerts où il ne cessera de parfaire
son éducation musicale et son oreille. Ceux des générations cinquante et
soixante y retrouveront les groupes qui auront marqué leur adolescence puisque
nous suivons d’un bout à l’autre du récit des formations mythiques comme les Cramps,
les Smiths ou les Talking Heads sans oublier d’inoubliables et souvent cocasses
rencontres avec Barbara ou Pierre Vassiliu. Du coup, le roman file comme le
temps d’une époque révolue : à toute allure, dans les excès en tous genres
et les expériences variées avec un seul objectif en tête, finir par se
connaître soi-même, à s’accepter et à trouver sa place dans un monde aux
repères flous.
Olivier Martinelli signe
un livre attachant et sacrément réussi. Une jolie découverte.
Publié aux Editions
Robert Laffont – 2019 – 199 pages