18.9.19

Mes nuits apaches – Olivier Martinelli


Chacun des livres d’Olivier Martinelli est installé à mi-chemin entre la fiction et l’autobiographie, la vie et les expériences heureuses ou malheureuses de l’auteur nourrissant avec constance son imaginaire. « Mes nuits apaches » y échappent d’autant moins que l’écrivain nous rappelle qu’il voit très bien à qui il fait allusion dans cette histoire d’un jeune homme qui sera sauvé de lui-même et de ses démons grâce au rock’n roll.
L’autre signe distinctif d’Olivier Martinelli est de savoir écrire de manière simple et directe. Une simplicité travaillée pour éliminer tout superflu empêchant de toucher l’âme de ses lecteurs qui auront tôt fait de s’identifier aux personnages mis en scène. Et puis ici, chacun des courts chapitres de ce joli roman est illustré par un dessin façon BD, sur une pleine page, en noir et blanc, campant une scène essentielle du récit qui se déroule sous nos yeux. Un procédé qui ne fait que renforcer la projection du lecteur et à accumuler un capital de sympathie pour le brave garçon malmené par la vie.
Ayant perdu son père à l’âge de dix ans puis son frère aîné parti à l’autre bout du monde, Jonas doit tout à la fois assumer un prénom jugé ridicule et trouver sa voie dans un monde dont le repère maternel aura à son tour tôt fait de fléchir. Alors, les premiers émois comme les grandes révélations surviendront grâce à la musique que l’adolescent découvrira au départ grâce à la collection de disques laissée à son intention par son aîné puis par la pratique d’un instrument et la fréquentation assidue de groupes et de concerts où il ne cessera de parfaire son éducation musicale et son oreille. Ceux des générations cinquante et soixante y retrouveront les groupes qui auront marqué leur adolescence puisque nous suivons d’un bout à l’autre du récit des formations mythiques comme les Cramps, les Smiths ou les Talking Heads sans oublier d’inoubliables et souvent cocasses rencontres avec Barbara ou Pierre Vassiliu. Du coup, le roman file comme le temps d’une époque révolue : à toute allure, dans les excès en tous genres et les expériences variées avec un seul objectif en tête, finir par se connaître soi-même, à s’accepter et à trouver sa place dans un monde aux repères flous.
Olivier Martinelli signe un livre attachant et sacrément réussi. Une jolie découverte.
Publié aux Editions Robert Laffont – 2019 – 199 pages