Attention livre foutraque mais diablement intelligent !
Un roman d’ailleurs fort justement récompensé par le Prix Pulitzer 2018.
Que feriez-vous si, après le suicide votre meilleur ami,
écrivain adulé et avec lequel vous avez entretenu une solide relation amicale
fortement teintée de sentiments amoureux, il vous avait laissé en héritage un
gros chien ? Qu’en outre, l’appartement new-yorkais où vous logez est trop
petit pour y vivre avec un gentil mastodonte du genre grand Danois et que le
règlement de l’immeuble y interdit toute présence canine ? Après un court
moment d’hésitation, celle qui est aussi professeur d’écriture à l’université
et femme de lettres elle-même, accepte de recueillir l’animal à titre…
temporaire. Tiens donc !
À peine installé, celui que son précédent maître a appelé
Apollon ne va pas manquer d’occuper une place de plus en plus envahissante. Une
présence qui risque d’aliéner à l’occupante des lieux son propriétaire et lui
coûter une expulsion. Peu importe quand on a l’amitié fidèle et tenace, au-delà
de la mort !
Sur ce canevas, Sigrid Nunez élabore un roman jouissif où
s’entremêlent des thèmes aussi variés que la relation entre humains et animaux
de compagnie, la psychanalyse, le sens et le rôle de l’écriture, l’ambiguïté
des relations homme-femme, les conventions et les usages. Un roman toujours
parfaitement maîtrisé où brillent de gigantesques figures intellectuelles
(Wittgenstein, Beckett, Kundera, Barthes etc…) sans cesse appelés à la
rescousse pour tenter de maîtriser ou d’éclairer des situations de plus en plus
rocambolesques.
Et pour conclure cette brillante réalisation enchanteresse,
une fin en coup de théâtre qui nous interpelle une ultime fois sur la place de
la fiction. Un formidable bouquin !
Publié aux Editions Stock – Les Cosmopolites – 2019 – 270
pages