Depuis l’incroyable succès de Rosa candida, chaque nouveau
roman d’Audur Ava Olafsdottir est attendu avec une certaine impatience de la
part de ses nombreux lecteurs.
Avec Miss Islande, nous retrouvons certains des ingrédients
qui sont la marque de l’auteur : des personnages à la fois solitaires,
sensibles, brillants mais peinant à trouver leur place dans une société qui
rejette l’a-normalité ainsi qu’une plongée au cœur de l’Islande, de sa nature
sauvage, de son climat rude et où il a fallu lutter à des générations entières
d’hommes et de femmes vivant essentiellement de la pêche et d’une agriculture
de base pour survivre.
Une des particularités islandaises est d’être dotée d’une
riche tradition littéraire, les auteurs romanesques et poétiques ne manquant
pas (même s’ils nous restent globalement inconnus) depuis le XVIIIème siècle.
Faut-il y voir un moyen de s’échapper par la pensée et le rêve d’un hiver
interminable ?
En tout état de cause, Hekla semble bien décidée à se faire
un nom parmi ces écrivains. Celle qui porte le nom d’un volcan parce que son
père, agriculteur, n’a jamais vécu que pour la passion des volcans de son île
possède cependant le double lourd handicap d’être une femme et d’être belle.
Dans l’Islande patriarcale et machiste des années soixante, la place de la
femme était au foyer, destinée à élever les enfants et à prendre soin de son
homme.
Aussi, lorsqu’Hekla débarque à Helsinki pour gagner son
autonomie, sa beauté lui vaut rapidement l’attention de tous les mâles âgés et
libidineux qui vont chercher à tout prix à l’enrôler dans le concours de Miss
Islande, une formidable couverture destinée à satisfaire leurs besoins de chair
fraîche. Hekla refusera toujours de céder à de vaines sirènes, consciente et
informée des dangers qui la guettent. Son seul but est d’écrire, de terminer
son roman, elle qui a déjà vu quatre de ses manuscrits publiés sous des noms
masculins d’emprunt. S’imposer comme femme de lettres est loin d’être gagné
dans ce pays alors rétrograde. Quant à son ami d’enfance, homosexuel, rêvant
d’être costumier de théâtre et de pouvoir vivre librement avec l’homme de son
choix, trouver sa place dans une société homophobe n’est pas plus simple. Ensemble,
s’épaulant l’un l’autre, ils tenteront d’obtenir gain de cause jusqu’à finir
par se résigner à comprendre que l’Islande n’est pas prête pour des êtres à
part comme eux.
« Miss Islande », récompensé par le Prix Médicis
Étranger 2019, n’est pas pour moi le meilleur roman d’Olafsdottir. Il est
certes très dans l’air du temps qui vise à promouvoir l’égalité des droits de
tous, mais les références sociales, culturelles et politiques à l’Islande des
temps anciens et de cette première partie de la deuxième moitié du XXème siècle
y sont trop présentes pour nous parler vraiment. Au total, ce roman semble plus
anecdotique qu’autre chose.
Publié aux Éditions Zulma – 2019 – 263 pages