14.4.20

Son corps et autres célébrations – Carmen Maria Machado


Les amateurs de nouvelles étranges, troubles, dérangeantes, ne ressemblant à rien de ce qui peut exister dans ce vaste genre devraient trouver ici leur compte. Les autres, plus soucieux de formes classiques, risquent d’être fortement perturbés par une écriture qui se veut volontairement provocante.

Mélangeant horreur, fantasmes, folie, science-fiction, rêves éveillés et tout ce qui peut relever d’un état s’éloignant le plus possible de la normalité, Carmen Maria Machado concocte une série de textes qui sans cesse se réinventent. On retrouve cependant quelques thèmes récurrents dans ce corpus de nouvelles. Celui de relations amoureuses insatisfaisantes, générant souffrance plutôt qu’épanouissement. Celui de l’homosexualité féminine ensuite, la quasi-totalité des nouvelles mettant en scène des femmes s’y adonnant de manière exclusive ou non.

Ainsi, tantôt c’est une femme qui refuse d’ôter le ruban vert qui orne son cou, créant une frustration grandissante chez son époux. Tantôt, une femme retirée dans une petite maison, reçoit au gré des hasards des femmes devenant des amantes d’un temps tandis que, tout autour, un virus se propage et anéantit la population américaine. Ici, ce sont les femmes qui disparaissent en masse tandis qu’une couturière leur coud les vêtements à même la peau et qu’une jeune femme vit des amours saphiques étranges. Là, des artistes en résidence, confinés dans une immense propriété éloignée de tout finissent par plonger dans une sorte de folie collective tandis que les fantasmes sexuels donnent leur libre cours. Là-bas encore, une femme sombre dans la folie, entendant les paroles cachées et murmurées des acteurs de vidéos pornographiques qu’elle visionne terrifiée tandis que son époux tente de la sauver d’elle-même.

Vous le constatez, le monde de Carmen Maria Marchado n’est ni tendre ni de tout repos. A vous de juger si vous voulez tenter une expérience assez dérangeante.

Publié aux Éditions de l’Olivier – 2019 – 318 pages