Les amateurs de nouvelles étranges, troubles, dérangeantes,
ne ressemblant à rien de ce qui peut exister dans ce vaste genre devraient
trouver ici leur compte. Les autres, plus soucieux de formes classiques,
risquent d’être fortement perturbés par une écriture qui se veut volontairement
provocante.
Mélangeant horreur, fantasmes, folie, science-fiction, rêves
éveillés et tout ce qui peut relever d’un état s’éloignant le plus possible de
la normalité, Carmen Maria Machado concocte une série de textes qui sans cesse
se réinventent. On retrouve cependant quelques thèmes récurrents dans ce corpus
de nouvelles. Celui de relations amoureuses insatisfaisantes, générant souffrance
plutôt qu’épanouissement. Celui de l’homosexualité féminine ensuite, la
quasi-totalité des nouvelles mettant en scène des femmes s’y adonnant de
manière exclusive ou non.
Ainsi, tantôt c’est une femme qui refuse d’ôter le ruban
vert qui orne son cou, créant une frustration grandissante chez son époux. Tantôt,
une femme retirée dans une petite maison, reçoit au gré des hasards des femmes
devenant des amantes d’un temps tandis que, tout autour, un virus se propage et
anéantit la population américaine. Ici, ce sont les femmes qui disparaissent en
masse tandis qu’une couturière leur coud les vêtements à même la peau et qu’une
jeune femme vit des amours saphiques étranges. Là, des artistes en résidence,
confinés dans une immense propriété éloignée de tout finissent par plonger dans
une sorte de folie collective tandis que les fantasmes sexuels donnent leur
libre cours. Là-bas encore, une femme sombre dans la folie, entendant les paroles
cachées et murmurées des acteurs de vidéos pornographiques qu’elle visionne
terrifiée tandis que son époux tente de la sauver d’elle-même.
Vous le constatez, le monde de Carmen Maria Marchado n’est
ni tendre ni de tout repos. A vous de juger si vous voulez tenter une
expérience assez dérangeante.
Publié aux Éditions de l’Olivier – 2019 – 318 pages