Attiré par un titre racoleur, j’ai ouvert ce court recueil en m’apprêtant à y trouver un trésor inconnu.
Quelle ne fut pas ma déception de découvrir, tout d’abord, un recueil de nouvelles (et vous savez que ce n’est pas le genre littéraire que je privilégie), ensuite, des textes, pour moi en tout cas, parfaitement hermétiques.
Rien dans ces nouvelles pour la plupart très courtes n’a trouvé grâce à mes yeux. Ni la forme littéraire, inintéressante et manquant de la moindre originalité, ni le fond à l’exception de la première « A des signes infirmes » qui décrit assez bien la paranoïa qui s’empare d’un professeur des écoles, exilé loin de chez lui et qui subit la double tyrannie des antidépresseurs et de ses logeurs qui ont décidé de lui remettre la colonne vertébrale en place à l’aide d’une machine allemande infernale.
Le reste aurait carrément mérité de ne jamais être publié. C’est dire…
Publié chez Actes Sud – 117 pages
Blog d'humeur littéraire - Livres, lectures, romans, essais, critiques. La lecture comme source de plaisir, d'inspiration et de réflexion.
Qui êtes-vous ?
- Thierry Collet
- Cadre dirigeant, je trouve en la lecture une source d'équilibre et de plénitude. Comme une mise en suspens du temps, une parenthèse pour des évasions, des émotions que la magie des infinis agencements des mots fait scintiller. Lire m'est aussi essentiel que respirer. Lisant vite, passant de longues heures en avion, ma consommation annuelle se situe entre 250 et 300 ouvrages. Je les bloggue tous, peu à peu. Tout commentaire est bienvenu car réaliser ces notes de lecture est un acte de foi, consommateur en temps. N'hésitez pas également à consulter le blog lecture/écriture auquel je contribue sur le lien http://www.lecture-ecriture.com/index.php Bonnes lectures !
27.10.07
20.10.07
Azarel - Karoly Pap
Karoly Pap est un auteur hongrois du début du XXeme siècle dont le roman « Azarel » fut publié en 1937.
Ce roman nous plonge au cœur de Prague, en plein quartier juif, au début du XXeme siècle.
Azarel est le dernier né d’une famille dont le père, lui-même septième et dernier enfant de Jeremy, est rabbin d’une communauté hassidique.
A la mort de la grand-mère paternelle, celle-ci fait promettre, sur la demande insistante et réitérée de Jeremy, de remettre Azarel à son grand-père pour qu’il l’éduque dans la plus pure tradition hébraïque. Azarel va ainsi passer les premières années, sitôt qu’il sait marcher, auprès de son grand-père, de plus en plus extrémiste dans sa foi et de plus en plus isolé du monde.
A la mort de Jeremy, Azarel va réintégrer une famille qui n’est plus tout à fait la sienne : il ne connaît ni son père, ni sa mère, ni ses frères et sœurs. Il lui faut ré-apprendre à vivre normalement et à se comporter de même.
Or, Azarel est un garçon intelligent mais espiègle et rebelle, sans doute en partie à cause de l’éducation qu’il a reçue de son grand-père. Il ne cesse de faire des bêtises et de créer de vives émotions à ses parents. Il teste avec sincérité les limites.
A l’âge de neuf ans, au moment où l’éducation religieuse devient prégnante, il va oser mettre en doute l’existence même de Dieu et provoquer ainsi l’ire de son père qui va le chasser de la maison.
Grâce à un dialogue in extremis intérieur entre Dieu et Azarel, tout finira par s’arranger…
J’avoue avoir eu du mal à entrer dans le roman. Les vingt premières pages sont en effet très axées sur des interprétations de la Torah mais prises du point de vue sans concessions de Jeremy. Il faut passer le cap car, ensuite, ce roman est un véritable enchantement.
Il dit le doute qui habite plus ou moins chacun de nous face à cette question fondamentale qu’est l’existence de Dieu et sa manifestation tangible. Comment croire quand la Vérité est celle des Livres ? Le point de vue étant celui d’un petit enfant, quoique très intelligent pour son âge, des questions aussi graves que la mise en adéquation de nos actes par rapport à nos croyances, l’expression que peut prendre l’amour familial, le rapport à l’argent sont ici abordées avec profondeur, intelligence et une petite dose d’humour.
On peut aussi bien lire ce roman pour ce qu’il est, in sui, que comme une allégorie sur ce à quoi nos vies devraient ressembler, selon le degré de notre foi et quelle que soit notre religion.
D’ailleurs, la part entre la réalité vécue par Azarel, une fois chassé de chez lui, le rêve et le délire n’est volontairement pas levée par Pap qui cherche ainsi à nous interroger sur nos propres convictions et la vérité de nos comportements.
Je ne saurai trop vous recommander ce roman méconnu et qui révèle une beauté d’âme.
Publié aux Editions Mercure de France – 232 pages
Ce roman nous plonge au cœur de Prague, en plein quartier juif, au début du XXeme siècle.
Azarel est le dernier né d’une famille dont le père, lui-même septième et dernier enfant de Jeremy, est rabbin d’une communauté hassidique.
A la mort de la grand-mère paternelle, celle-ci fait promettre, sur la demande insistante et réitérée de Jeremy, de remettre Azarel à son grand-père pour qu’il l’éduque dans la plus pure tradition hébraïque. Azarel va ainsi passer les premières années, sitôt qu’il sait marcher, auprès de son grand-père, de plus en plus extrémiste dans sa foi et de plus en plus isolé du monde.
A la mort de Jeremy, Azarel va réintégrer une famille qui n’est plus tout à fait la sienne : il ne connaît ni son père, ni sa mère, ni ses frères et sœurs. Il lui faut ré-apprendre à vivre normalement et à se comporter de même.
Or, Azarel est un garçon intelligent mais espiègle et rebelle, sans doute en partie à cause de l’éducation qu’il a reçue de son grand-père. Il ne cesse de faire des bêtises et de créer de vives émotions à ses parents. Il teste avec sincérité les limites.
A l’âge de neuf ans, au moment où l’éducation religieuse devient prégnante, il va oser mettre en doute l’existence même de Dieu et provoquer ainsi l’ire de son père qui va le chasser de la maison.
Grâce à un dialogue in extremis intérieur entre Dieu et Azarel, tout finira par s’arranger…
J’avoue avoir eu du mal à entrer dans le roman. Les vingt premières pages sont en effet très axées sur des interprétations de la Torah mais prises du point de vue sans concessions de Jeremy. Il faut passer le cap car, ensuite, ce roman est un véritable enchantement.
Il dit le doute qui habite plus ou moins chacun de nous face à cette question fondamentale qu’est l’existence de Dieu et sa manifestation tangible. Comment croire quand la Vérité est celle des Livres ? Le point de vue étant celui d’un petit enfant, quoique très intelligent pour son âge, des questions aussi graves que la mise en adéquation de nos actes par rapport à nos croyances, l’expression que peut prendre l’amour familial, le rapport à l’argent sont ici abordées avec profondeur, intelligence et une petite dose d’humour.
On peut aussi bien lire ce roman pour ce qu’il est, in sui, que comme une allégorie sur ce à quoi nos vies devraient ressembler, selon le degré de notre foi et quelle que soit notre religion.
D’ailleurs, la part entre la réalité vécue par Azarel, une fois chassé de chez lui, le rêve et le délire n’est volontairement pas levée par Pap qui cherche ainsi à nous interroger sur nos propres convictions et la vérité de nos comportements.
Je ne saurai trop vous recommander ce roman méconnu et qui révèle une beauté d’âme.
Publié aux Editions Mercure de France – 232 pages
14.10.07
Volupté singulière – A.L. Kennedy
Il est certains textes dont la résonance ou le thème vous mettent particulièrement mal à l’aise. C’est le cas de ce roman de cette auteur écossaise contemporaine.
Helen est une femme une foyer qui dépérit. Elle s’est réfugiée en une croyance en Dieu, un peu légère mais sincère, pour la préserver de toute pensée pécheresse et pour mieux masquer le vide de sa vie.
Pour combler l’absence d’amour de son mari, violent et pervers, elle se met à cuisiner follement. Lors de diverses émissions radiophoniques ou télévisées, elle fait connaissance de la théorie du « Processus » mise au point par le Professeur Edward Gluck.
Cette théorie un rien fumeuse est censée rendre la joie à celles et ceux qui l’ont perdu. Helen décide de se rendre à une conférence de plusieurs jours que le Professeur donne à Stuttgart et lui écrit pour le prier de le rencontrer.
Une histoire d’amour va se construire, malgré eux, entre ces deux personnages que tout semble opposer. En fait, il va s’avérer qu’ils sont aussi affectivement déséquilibrés l’un que l’autre et qu’ils vont trouver en l’autre la personne qui va leur permettre de se reconstruire.
Là où le récit nous met mal à l’aise, c’est que le Professeur Gluck se révèle en fait être une sorte de pervers sexuel, obsédé par la pornographie et ne pouvant assouvir ses pulsions que face à des scènes, qui nous sont décrites, particulièrement crues. Ce sentiment glauque, parfaitement voulu par l’auteur, trouve un écho troublant et bouleversant dans la violence dont le mari d’Helen fera preuve envers son épouse et lui-même lorsqu’il pensera, à tort, que son épouse le trompe.
Le « Processus » se mettra alors en route, malgré eux, pour Helen et Edward jusqu’à une forme de rédemption totale l’un par l’autre, une fois les obstacles réels ou imaginaires, éliminés.
L’écriture est en cela originale que les dialogues sont souvent à peine amorcés : les phrases restent fréquemment suspendues comme si les protagonistes étaient incapables d’exprimer clairement leurs sentiments ou, de temps en temps, en avaient peur ainsi que de leurs conséquences. C’est souvent troublant, voire déroutant.
L’entrée dans le texte n’est pas immédiate et la lecture se doit d’être lente, à l’image de la vitesse à laquelle les personnages font des petits pas l’un vers l’autre, vers leurs destins.
Il en résulte un roman auquel il est impossible de rester insensible et qui peut provoquer un rejet, par dégoût. Ce serait dommage car A. L. Kennedy est certainement une femme littéraire qui compte parmi les écrivains britanniques actuels.
Publié aux Editions de l’Olivier – 237 pages
Helen est une femme une foyer qui dépérit. Elle s’est réfugiée en une croyance en Dieu, un peu légère mais sincère, pour la préserver de toute pensée pécheresse et pour mieux masquer le vide de sa vie.
Pour combler l’absence d’amour de son mari, violent et pervers, elle se met à cuisiner follement. Lors de diverses émissions radiophoniques ou télévisées, elle fait connaissance de la théorie du « Processus » mise au point par le Professeur Edward Gluck.
Cette théorie un rien fumeuse est censée rendre la joie à celles et ceux qui l’ont perdu. Helen décide de se rendre à une conférence de plusieurs jours que le Professeur donne à Stuttgart et lui écrit pour le prier de le rencontrer.
Une histoire d’amour va se construire, malgré eux, entre ces deux personnages que tout semble opposer. En fait, il va s’avérer qu’ils sont aussi affectivement déséquilibrés l’un que l’autre et qu’ils vont trouver en l’autre la personne qui va leur permettre de se reconstruire.
Là où le récit nous met mal à l’aise, c’est que le Professeur Gluck se révèle en fait être une sorte de pervers sexuel, obsédé par la pornographie et ne pouvant assouvir ses pulsions que face à des scènes, qui nous sont décrites, particulièrement crues. Ce sentiment glauque, parfaitement voulu par l’auteur, trouve un écho troublant et bouleversant dans la violence dont le mari d’Helen fera preuve envers son épouse et lui-même lorsqu’il pensera, à tort, que son épouse le trompe.
Le « Processus » se mettra alors en route, malgré eux, pour Helen et Edward jusqu’à une forme de rédemption totale l’un par l’autre, une fois les obstacles réels ou imaginaires, éliminés.
L’écriture est en cela originale que les dialogues sont souvent à peine amorcés : les phrases restent fréquemment suspendues comme si les protagonistes étaient incapables d’exprimer clairement leurs sentiments ou, de temps en temps, en avaient peur ainsi que de leurs conséquences. C’est souvent troublant, voire déroutant.
L’entrée dans le texte n’est pas immédiate et la lecture se doit d’être lente, à l’image de la vitesse à laquelle les personnages font des petits pas l’un vers l’autre, vers leurs destins.
Il en résulte un roman auquel il est impossible de rester insensible et qui peut provoquer un rejet, par dégoût. Ce serait dommage car A. L. Kennedy est certainement une femme littéraire qui compte parmi les écrivains britanniques actuels.
Publié aux Editions de l’Olivier – 237 pages
6.10.07
Double vie – Pierre Assouline
D’un thème au départ banal, un adultère passionné entre une psychiatre et un spécialiste de l’art pariétal, Pierre Assouline parvient à tirer un roman assez flamboyant et dont la chute est un véritable régal d’invention…
Pourtant, la lecture de ce livre avait assez mal commencé : il faut dire qu’Assouline nous assomme de formules littéraires, certes brillantes et souvent acérées, et que leur accumulation rend la lecture des 80 premières pages peu naturelle et médiocrement plaisante. Il faut s’accrocher, car le livre vaut le détour.
En fait, Assouline devient carrément génial lorsque d’une part, il se départit d’un style trop travaillé, où le trop plein de formules journalistiques finit par déborder, pour laisser l’intrigue se dérouler sous une écriture aérée et simplifiée.
Alors, les quelques traits décochés sont mortels. La séquence du dîner en ville est à ce titre un morceau somptueux de bravoure littéraire où chaque formule fait mouche. On s’y croirait…
Assouline en profite pour régler ses comptes avec les notables, la grande bourgeoisie et sa mondanité, les avocats arrivistes et les multinationales qui ne pensent que profits. Rien de très original mais c’est brillamment exécuté. Les flèches stylistiques clouent chacun à un pilori définitif.
L’auteur sait aussi créer un climat quasi paranoïaque dans la tête du personnage principal, Remi Laredo (bon, là c’est carrément trop, de mauvais goût et surtout inutile, Mr Assouline !). Une paranoïa entretenue par un sentiment, fondé, de culpabilité et par la découverte progressive que nous sommes tous en permanence surveillés, écoutés, enregistrés et filmés. Y compris par nos amis. L’intimité devient un luxe dans nos sociétés hyper-technologiques et Assouline sait en jouer pour nous préparer au dénouement qui est un véritable coup de théâtre.
Au final, il en sort un livre sympathique, brillant, imaginatif, qui dépoussière l’éculée (sans jeu de mots) intrigue faite d’adultère. Plus de naturel aurait mieux mis en valeur certaines formules dignes d’être apprises par cœur, histoire, à son tour, de briller en ville !
Publié aux Editions Gallimard – 212 pages
Pourtant, la lecture de ce livre avait assez mal commencé : il faut dire qu’Assouline nous assomme de formules littéraires, certes brillantes et souvent acérées, et que leur accumulation rend la lecture des 80 premières pages peu naturelle et médiocrement plaisante. Il faut s’accrocher, car le livre vaut le détour.
En fait, Assouline devient carrément génial lorsque d’une part, il se départit d’un style trop travaillé, où le trop plein de formules journalistiques finit par déborder, pour laisser l’intrigue se dérouler sous une écriture aérée et simplifiée.
Alors, les quelques traits décochés sont mortels. La séquence du dîner en ville est à ce titre un morceau somptueux de bravoure littéraire où chaque formule fait mouche. On s’y croirait…
Assouline en profite pour régler ses comptes avec les notables, la grande bourgeoisie et sa mondanité, les avocats arrivistes et les multinationales qui ne pensent que profits. Rien de très original mais c’est brillamment exécuté. Les flèches stylistiques clouent chacun à un pilori définitif.
L’auteur sait aussi créer un climat quasi paranoïaque dans la tête du personnage principal, Remi Laredo (bon, là c’est carrément trop, de mauvais goût et surtout inutile, Mr Assouline !). Une paranoïa entretenue par un sentiment, fondé, de culpabilité et par la découverte progressive que nous sommes tous en permanence surveillés, écoutés, enregistrés et filmés. Y compris par nos amis. L’intimité devient un luxe dans nos sociétés hyper-technologiques et Assouline sait en jouer pour nous préparer au dénouement qui est un véritable coup de théâtre.
Au final, il en sort un livre sympathique, brillant, imaginatif, qui dépoussière l’éculée (sans jeu de mots) intrigue faite d’adultère. Plus de naturel aurait mieux mis en valeur certaines formules dignes d’être apprises par cœur, histoire, à son tour, de briller en ville !
Publié aux Editions Gallimard – 212 pages
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