Il est certains textes dont la résonance ou le thème vous mettent particulièrement mal à l’aise. C’est le cas de ce roman de cette auteur écossaise contemporaine.
Helen est une femme une foyer qui dépérit. Elle s’est réfugiée en une croyance en Dieu, un peu légère mais sincère, pour la préserver de toute pensée pécheresse et pour mieux masquer le vide de sa vie.
Pour combler l’absence d’amour de son mari, violent et pervers, elle se met à cuisiner follement. Lors de diverses émissions radiophoniques ou télévisées, elle fait connaissance de la théorie du « Processus » mise au point par le Professeur Edward Gluck.
Cette théorie un rien fumeuse est censée rendre la joie à celles et ceux qui l’ont perdu. Helen décide de se rendre à une conférence de plusieurs jours que le Professeur donne à Stuttgart et lui écrit pour le prier de le rencontrer.
Une histoire d’amour va se construire, malgré eux, entre ces deux personnages que tout semble opposer. En fait, il va s’avérer qu’ils sont aussi affectivement déséquilibrés l’un que l’autre et qu’ils vont trouver en l’autre la personne qui va leur permettre de se reconstruire.
Là où le récit nous met mal à l’aise, c’est que le Professeur Gluck se révèle en fait être une sorte de pervers sexuel, obsédé par la pornographie et ne pouvant assouvir ses pulsions que face à des scènes, qui nous sont décrites, particulièrement crues. Ce sentiment glauque, parfaitement voulu par l’auteur, trouve un écho troublant et bouleversant dans la violence dont le mari d’Helen fera preuve envers son épouse et lui-même lorsqu’il pensera, à tort, que son épouse le trompe.
Le « Processus » se mettra alors en route, malgré eux, pour Helen et Edward jusqu’à une forme de rédemption totale l’un par l’autre, une fois les obstacles réels ou imaginaires, éliminés.
L’écriture est en cela originale que les dialogues sont souvent à peine amorcés : les phrases restent fréquemment suspendues comme si les protagonistes étaient incapables d’exprimer clairement leurs sentiments ou, de temps en temps, en avaient peur ainsi que de leurs conséquences. C’est souvent troublant, voire déroutant.
L’entrée dans le texte n’est pas immédiate et la lecture se doit d’être lente, à l’image de la vitesse à laquelle les personnages font des petits pas l’un vers l’autre, vers leurs destins.
Il en résulte un roman auquel il est impossible de rester insensible et qui peut provoquer un rejet, par dégoût. Ce serait dommage car A. L. Kennedy est certainement une femme littéraire qui compte parmi les écrivains britanniques actuels.
Publié aux Editions de l’Olivier – 237 pages
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- Thierry Collet
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