Dans un très court roman qui se lit en moins d’une heure et
avec une grande pudeur, Valérie Sigward nous donne à voir comment le passage du
monde de l’adolescence à celui des adultes peut comporter sa part d’ombre ou de
malheurs.
Dans ce coin de France où il n’y a pas grand-chose à faire,
deux copains zonent tout le temps ensemble à deux sur une mobylette trafiquée,
sans but précis mais sans rien faire de mal non plus. Pourtant, une nuit, ce
sera le drame. Sur un chemin de halage perdu, ils seront percutés par une autre
mobylette, de façon visiblement volontaire. Markus, le conducteur, subit de
graves blessures qui le plongent dans le coma et vont le conduire au bord de la
mort, à trois reprises. Franck, le passager et narrateur, aura les deux jambes
fracturées.
Qui a bien pu les agresser et pourquoi ? Seul Franck
sait, parce qu’il a vu ce qui s’est passé avant de sombrer dans l’inconscience.
Ce n’est que bien des années plus tard, parce que le secret est intolérable en
soi et encore plus intolérable à supporter seul, qu’il va se décider à relater
l’insupportable vérité, faite de honte et de préjugés ridicules.
Markus, presque mort lors de cet accident, relevé du coma
miraculeusement, ne revivra jamais vraiment. C’est aussi ce que nous
comprendrons à travers les retrouvailles sobres et tristes de ces deux copains
d’enfance que le malheur aura frappé trop tôt.
La souffrance des adultes, la bêtise humaine, l’attente en
forme de point d’interrogation face à ce jeune intubé de partout, les paupières
cousues et qui s’enfoncent de plus en plus vers une mort qui paraît certaine à
ses proches sont dites avec une remarquable économie de moyens qui saura
toucher le lecteur.
Publié aux Editions Julliard – 2009 – 102 pages