19.6.15

Le sens de l’orientation – Arrigo Lessana


Il est à souhaiter qu’Arrigo Lessana soit meilleur chirurgien qu’auteur tant il semble avoir quelque peu perdu le sens de l’orientation dans son deuxième roman.

Car, quel est le propos de ce livre où surgissent et s’entrecroisent une cohorte de personnages auxquels nous ne comprenons pas grand-chose ? Tous paraissent errer dans leur vie, avoir endossé un costume qui n’était pas fait pour eux et jouer avec un destin qui devrait finir par les emporter.

Seules les mésanges consignées dans la volière d’une belle italienne, quelque peu femme fatale, semblent avoir trouvé leur direction lorsqu’elles s’envoleront vers le cabinet d’un psychiatre. Quant à celui-ci, s’il semble savoir écouter ses  patients et leur suggérer des pistes fiables (pour les réorienter sans doute ...), il a lui-même perdu son propre sens de l’orientation. C’est un joueur compulsif, dépensant tout ce qu’il gagne aux jeux de casino et qui ne trouvera pas d’autre moyen pour se sauver de lui-même que de se faire interdire de jeu.

Ferdinand, chirurgien cardiaque, navigue entre les deux personnages précédents. Longtemps marié à une mathématicienne, leur couple a désormais explosé. Son ex-compagne s’est elle aussi perdue dans d’impossibles recherches sur les tresses, s’abîmant dans des abysses théoriques qui lui ont fait perdre tout repère. Sollicité pour des opérations impossibles et à haut risque, il commence à perdre toute notion de vie et de mort et cherche à donner un sens à sa propre existence, à ses succès comme à ses échecs en se déchargeant auprès du psychiatre joueur. Il finira par tomber follement amoureux de l’italienne à la volière, vivant une relation un temps passionnelle et perverse avant que d’être lâchement abandonné par une femme elle-même perdue entre des désirs inconciliables et ne sachant sans doute pas faire autre chose que souffrir et faire souffrir. Bref, les boussoles s’affolent de toutes parts.

Tout ce monde (et d’autres encore mais restons-en là) se débat vainement, s’agite beaucoup, se ment à soi-même, s’entrecroise au fil de courts chapitres nerveux mais mal accostés tant et si bien qu’on finit par s’y perdre totalement. Quant à la fin, elle est aussi inexplicable que le roman lui-même et m’a laissé…. Désorienté.


Publié aux Editions Christian Bourgeois – 2015 – 176 pages