Il est à souhaiter qu’Arrigo Lessana soit meilleur
chirurgien qu’auteur tant il semble avoir quelque peu perdu le sens de
l’orientation dans son deuxième roman.
Car, quel est le propos de ce livre où surgissent et s’entrecroisent
une cohorte de personnages auxquels nous ne comprenons pas grand-chose ?
Tous paraissent errer dans leur vie, avoir endossé un costume qui n’était pas
fait pour eux et jouer avec un destin qui devrait finir par les emporter.
Seules les mésanges consignées dans la volière d’une belle
italienne, quelque peu femme fatale, semblent avoir trouvé leur direction
lorsqu’elles s’envoleront vers le cabinet d’un psychiatre. Quant à celui-ci,
s’il semble savoir écouter ses patients
et leur suggérer des pistes fiables (pour les réorienter sans doute ...), il a
lui-même perdu son propre sens de l’orientation. C’est un joueur compulsif,
dépensant tout ce qu’il gagne aux jeux de casino et qui ne trouvera pas d’autre
moyen pour se sauver de lui-même que de se faire interdire de jeu.
Ferdinand, chirurgien cardiaque, navigue entre les deux
personnages précédents. Longtemps marié à une mathématicienne, leur couple a
désormais explosé. Son ex-compagne s’est elle aussi perdue dans d’impossibles
recherches sur les tresses, s’abîmant dans des abysses théoriques qui lui ont
fait perdre tout repère. Sollicité pour des opérations impossibles et à haut
risque, il commence à perdre toute notion de vie et de mort et cherche à donner
un sens à sa propre existence, à ses succès comme à ses échecs en se
déchargeant auprès du psychiatre joueur. Il finira par tomber follement
amoureux de l’italienne à la volière, vivant une relation un temps passionnelle
et perverse avant que d’être lâchement abandonné par une femme elle-même perdue
entre des désirs inconciliables et ne sachant sans doute pas faire autre chose
que souffrir et faire souffrir. Bref, les boussoles s’affolent de toutes parts.
Tout ce monde (et d’autres encore mais restons-en là) se
débat vainement, s’agite beaucoup, se ment à soi-même, s’entrecroise au fil de
courts chapitres nerveux mais mal accostés tant et si bien qu’on finit par s’y
perdre totalement. Quant à la fin, elle est aussi inexplicable que le roman
lui-même et m’a laissé…. Désorienté.
Publié aux Editions Christian Bourgeois – 2015 – 176 pages