On sait les Finlandais un peu déjantés, ardents, drôles et bons buveurs une fois la glace brisée (sans jeu de mots).
Dans ce célèbre roman, Arto Paasilinna illustre parfaitement cet esprit libre et faisant sauter bien des convenances.
Un entrepreneur en faillite et dont le mariage bat de l’aile et un colonel d’active mis sur la touche décident tous deux de se suicider, sans se connaître ni se concerter. Ils se retrouvent nez à nez dans une grange et l’entrepreneur va sauver la vie au colonel qui s’apprêtait à se pendre.
Comme il n’arrive pas tous les jours de pouvoir sauver la vie de quelqu’un et que partager ses malheurs en ayant une oreille attentive dans laquelle déverser ses tristes humeurs, une vive amitié va se nouer entre ces deux personnages.
Ayant chacun de son côté, grâce à leur réunion impromptue, échappé au pire, ils décident de passer une annonce pour proposer aux suicidaires finlandais de se réunir pour envisager un gigantesque suicide collectif.
Plus de 600 « désespérés » répondront présents. Lors du colloque qui ressemble rapidement à un festin orgiaque et fortement éthylique, un petit groupe d’une vingtaine de candidats au suicide collectif se constitue.
Bientôt rejoint par un propriétaire d’un car puissant flambant neuf, ils vont se mettre à sillonner tout d’abord la Finlande, puis la Norvège, puis le sud de l’Europe, à la recherche du lieu idéal pour commettre cette action d’éclat qui attirera l’attention du monde sur le mal de vivre finnois.
D’étape en étape, de beuverie en beuverie, des rencontres se noueront entre les « Mortels », de véritables amitiés, certaines amoureuses, se mettront en place et le désir de se tuer s’éteindra progressivement une fois qu’un nouveau sens sera redonné à la vie de chacun.
Derrière cette idée originale, l’auteur sait, avec un humour qu’on aurait aimé plus grinçant, donner de gentils coups de canifs dans la société finlandaise moderne, critiquant la recherche des biens et du pouvoir, l’abandon des traditions de rencontres et d’entraide, le replis sur soi.
Le ridicule d’une administration embourbée dans ses formulaires, ses procédures, son manque de moyen pour mettre à mal un plan qui ne manquera pas de porter atteinte à la réputation de ce grand pays qu’est la Finlande est également gentiment mis en scène.
Gentil est l’adjectif qui caractérisera le mieux ce roman qui a beaucoup fait parler de lui. En étant gentils les uns envers les autres, le goût de vivre revient car on trouve de nouveaux sens. Gentille est la critique, gentille l’écriture.
C’est ce manque de verve caustique, d’humour décalé à l’anglaise qui rend le récit un peu longuet. Plus les pages se tournent, plus la vie devient prévisible même si une, petite, surprise nous attend à la toute fin. Plus d’allant, plus d’ambition littéraire en aurait fait un ouvrage majeur. En fait, c’est simplement un gentil divertissement, un peu longuet. Dommage, car le sujet était vraiment fabuleux…
Publié aux Editions Denoël & d’ailleurs – 300 pages
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- Thierry Collet
- Cadre dirigeant, je trouve en la lecture une source d'équilibre et de plénitude. Comme une mise en suspens du temps, une parenthèse pour des évasions, des émotions que la magie des infinis agencements des mots fait scintiller. Lire m'est aussi essentiel que respirer. Lisant vite, passant de longues heures en avion, ma consommation annuelle se situe entre 250 et 300 ouvrages. Je les bloggue tous, peu à peu. Tout commentaire est bienvenu car réaliser ces notes de lecture est un acte de foi, consommateur en temps. N'hésitez pas également à consulter le blog lecture/écriture auquel je contribue sur le lien http://www.lecture-ecriture.com/index.php Bonnes lectures !
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