Si vous ne connaissez pas encore Anne Bragance, écrivain prolifique d’origine andalouse, née à Casablanca et bercée dans son enfance par un melting-pot de langues et de cultures, ce petit roman constitue une joyeuse opportunité.
Mme Bragance est une femme du Sud, du soleil, de l’expression imagée et où les mots s’entrechoquent, se disloquent pour se fondre dans une langue aux couleurs régionales. Une langue chaude, expressive, pleine d’humour et de grands sentiments.
Nous sommes ici à Marseille. Sans transition et sans introduction, ce qui peut surprendre, nous suivons Irina sur la cannebière. Il pleut. Irina met sa main dans son imperméable et son portefeuille a disparu. Par un raccourci saisissant, Irina est au bras du pickpocket et le suit dans un bistrot. Le jeune homme, par bravade parce que la fille est belle, lui propose de l’épouser. Parce que le jeune homme a de la prestance et qu’il a choisi de commander deux camparis, l’apéritif préféré d’Irina sans qu’il le sache, Irina accepte. Il ne sait pas que c’est le troisième mariage de la belle inconstante. Maxime tombe des nues, ne dit rien et voilà l’affaire conclue !
Enfin presque, car il faut que les deux futures belles-mères s’accordent. Et c’est là que l’auteur se déchaîne et donne libre cours à la puissance de sa langue.
La mère de Maxime est simple, fille du peuple. Elle élève seule ses trois enfants car, dans ce roman, les hommes sont souvent morts, absents, largués par des maîtresses femmes et figurent au second plan. Elle s’exprime dans une langue qui concatène les expressions toutes faites ce qui donne des résultats burlesques et aux résonnances merveilleuses. C’est les des principaux attraits de ce petit bijou.
Celle d’Irina est un véritable despote qui a enterré quatre maris, en tyrannise un cinquième et veut tout régenter.Alors, bien sûr, elles vont s’affronter, se charmer, s’amadouer sous la vigilance discrète du beau-père d’Irina qui ne veut que le bonheur du couple.
Derrière cette intrigue simple, Anne Bragance a le don pour nous emmener dans un voyage enlevé dans la ville de la bonne-mère. Deux classes s’affrontent. Un couple contre-nature se forme qui érige ses propres lois, avant que de succomber aux attaques liguées des deux belles-mères.
Les rebondissements sont nombreux, l’écriture alerte et le rythme à l’avenant.
Le soleil chante, la parole est d’or. On sourit, on s’amuse, on oublie tout.
Au fond, que demander de plus même si ce n’est pas un roman majeur ?
Publié aux Editions Mercure de France
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- Thierry Collet
- Cadre dirigeant, je trouve en la lecture une source d'équilibre et de plénitude. Comme une mise en suspens du temps, une parenthèse pour des évasions, des émotions que la magie des infinis agencements des mots fait scintiller. Lire m'est aussi essentiel que respirer. Lisant vite, passant de longues heures en avion, ma consommation annuelle se situe entre 250 et 300 ouvrages. Je les bloggue tous, peu à peu. Tout commentaire est bienvenu car réaliser ces notes de lecture est un acte de foi, consommateur en temps. N'hésitez pas également à consulter le blog lecture/écriture auquel je contribue sur le lien http://www.lecture-ecriture.com/index.php Bonnes lectures !
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