Eduardo Mallea est un des écrivains argentins majeurs, si ce n’est l’écrivain argentin de référence. Né en 1903, mort en 1982, « La ville au bord du fleuve tranquille » fut rédigé entre 1935 et 1936. On y sent la guerre poindre et la ville brille de ses derniers feux illusoires.
A la fois roman et succession de nouvelles, « La ville au bord du fleuve immobile » met en scène soixante trois personnages, sombres, solitaires, amers.
Ce livre est une composition musicale austère et exigeante pour dire l’impossibilité d’aimer durablement, l’impossibilité à être deux, à s’ouvrir à exister en fonction de l’autre. La force de cet ouvrage est en outre d’étudier ce qui semble constituer un axiome incontournable pour l’auteur, tant du point de vue masculin (principalement) que féminin.
Nul sexe ne peut trouver grâce aux yeux de l’autre et ce point de vue est décortiqué avec une froideur qui fait peur et semble condamner toute passion, tout sentiment, toute affection à une tombe humide et sombre.
Quelles que soient leurs conditions, leurs statuts, leurs passés, les personnages de Mallea sont condamnés d’avance à poursuivre leur chemin sur le bas-côté. Privés d’amour, délaissés, ils cheminent en silence pour parfaire les raisons qui feront d’eux les mal-aimés auxquels ils se condamnent seuls.
L’essentiel de ces nouvelles se déroule de nuit, dans les divers quartiers de Buenos-Aires, souvent autour d’une table et de quelques alcools qui désinhibent. L’écriture y est exigeante mais admirable : lire d’une traite ce recueil serait une erreur car l’accumulation de désespérance pourrait inviter à se détourner d’un ouvrage majeur.
A déguster de préférence en parallèle d’une autre lecture et à méditer.
Un livre que tout amateur de littérature se doit de découvrir.
Publié aux Editions Autrement – 268 pages
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Qui êtes-vous ?
- Thierry Collet
- Cadre dirigeant, je trouve en la lecture une source d'équilibre et de plénitude. Comme une mise en suspens du temps, une parenthèse pour des évasions, des émotions que la magie des infinis agencements des mots fait scintiller. Lire m'est aussi essentiel que respirer. Lisant vite, passant de longues heures en avion, ma consommation annuelle se situe entre 250 et 300 ouvrages. Je les bloggue tous, peu à peu. Tout commentaire est bienvenu car réaliser ces notes de lecture est un acte de foi, consommateur en temps. N'hésitez pas également à consulter le blog lecture/écriture auquel je contribue sur le lien http://www.lecture-ecriture.com/index.php Bonnes lectures !
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