Nick McDonell est du genre doué. Né en 1984, il publie son premier roman à dix-sept ans (« Douze ») et rencontre un succès immédiat, répété avec le roman suivant « Le Troisième Frère ». McDonell est aussi diplômé de Harvard, promotion 2006.
Guerre à Harvard n’est pas à proprement parler un roman. C’est plutôt une série d’instantanés sur ce qui se passe réellement sur l’un des campus les plus prestigieux au monde. On a d’ailleurs l’impression d’y pénétrer caméra sur l’épaule et de filmer sur le vif la vie désabusée de l’élitiste jeunesse américaine. D’où un rythme saccadé, une succession sans transition de scénettes plus ou moins réussies.
Ce que nous voyons, c’est une jeunesse prise entre le culte du passé, l’auteur brocardant gentiment les nombreux cours et rites consacrés à l’étude de l’Université de même que les cours rébarbatifs d’Histoire, avec un grand H, et un présent troublant, celui de la deuxième guerre en Irak. Car l’actualité s’impose par sa brutalité derrière les portes lambrissées de Massasuchets Avenue. Combien d’étudiants s’engageront dans l’armée pour porter les couleurs du drapeau, combien répondront à la propagande active de la CIA qui vient enrôler au nom de la défense d’une prétendue liberté ? Combien tomberont comme sont tombés par centaines les diplômés lors des deux grandes guerres ?
Le côté sympathique de ce petit pamphlet tient dans l’apparition rapide de vrais étudiants, paumés, qui se raccrochent à ce qu’ils peuvent ou à ce qu'ils croient être un sens à une vie qui a franchi le seuil de l’adolescence sans s’être encore enracinée dans le long parcours du monde des adultes.
On aimera Quinn et Izzy, un couple baroque d’étudiants qui se marie sur un coup de tête, l’étudiante aux cheveux roses qui visiblement tient à se faire remarquer des garçons, le serveur membre d’un groupe de rock… Mais tout reste superficiel comme un talk-show, un reportage sans mise en perspective et c’est bien ce qui constitue la limite essentielle de ce curieux recueil.
Certes, on aimera les quelques pages consacrées à Mark Zukenberg, le fondateur de Facebook qu’a croisé l’auteur avant qu’il ne réponde aux sirènes des venture capitalists californiens et ne devienne un milliardaire. C’est là que le ton est le plus juste, McDonnell hésitant entre l’admiration et un zeste de jalousie.
Mais la vie d’un campus, même le plus prestigieux, donne l’impression d’une série de rites sociaux, centrés sur l’alcool, la drague et la baise, comme s’il fallait en passer par là pour devenir adulte.
Superficiel et léger, pour plagier France Gall.
Merci à :
La Librairie Les Beaux Titres 61, rue Votaire 92300 LEVALLOIS-PERRET que vous pouvez contacter via courriel librairie@lesbeauxtitres.com
de nous avoir fourni l’occasion de découvrir ce livre.
Publié aux Editions Flammarion – 95 pages
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- Thierry Collet
- Cadre dirigeant, je trouve en la lecture une source d'équilibre et de plénitude. Comme une mise en suspens du temps, une parenthèse pour des évasions, des émotions que la magie des infinis agencements des mots fait scintiller. Lire m'est aussi essentiel que respirer. Lisant vite, passant de longues heures en avion, ma consommation annuelle se situe entre 250 et 300 ouvrages. Je les bloggue tous, peu à peu. Tout commentaire est bienvenu car réaliser ces notes de lecture est un acte de foi, consommateur en temps. N'hésitez pas également à consulter le blog lecture/écriture auquel je contribue sur le lien http://www.lecture-ecriture.com/index.php Bonnes lectures !
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