Reprenant le thème du gros succès littéraire objet de multiples récompenses que fut son précédent roman « Verre cassé », Mabanckou fait du Mabanckou.
Et c’est bien là le hic… Moins inspiré, moins explosif et caustique, moins abouti que « Verre cassé », « Black bazar » ne pourra éventuellement séduire que les lecteurs qui découvriraient l’auteur avec cette dernière production. Pour les autres, dont je suis, ils resteront clairement sur leur faim.
Certes, le roman est toujours bien écrit et Mabanckou sait toujours autant jouer avec les mots en se moquant gentiment des surprenantes aberrations sexistes de la langue française.
Mais l’histoire de ce Congolais échoué dans les quartiers chauds de Paris et qui vient de se faire larguer par son ex, repartie avec leur fils putatif en compagnie d’un charmeur joueur de tam-tam au pays, ressemble trop à « Verre cassé ».
Comme dans le précédent roman, notre homme passe un temps non négligeable au bistrot avec une bande de potes accros à la Pelforth et qui ont une vision raciste inversée du monde, l’objectif étant de faire payer aux blondes et rousses françaises le prix de la colonisation. Comme dans son succès précédent, les présidents africains à vie et leur cohorte à leur solde en prennent pour leur grade. Comme dans « Verre cassé », l’auteur tente d’exorciser sa misère dans l’écriture et il se met à nous conter sa vie de Noir en terre de France.
Une vie qui condamne aux petits boulots, à vivre dans des logements sociaux minuscules et au confort sommaire. Une vie qui met aux prises d’un racisme ordinaire, ou plus rigolo, d’un voisin de palier antillais qui n’accepte pas sa négritude.
Mais aussi une vie d’homme obnubilé par « la face B des femmes », comprenez leur derrière tentateur et enchanteur qui permet de détecter d’un coup d’œil le côté explosif ou non, au lit s’entend, de la dame. Un regard porté au rang d’art et qui vaut à notre personnage le surnom de « fessologue ».
Bref, il existe quelques traits amusants et choisis mais cela ne tire pas le roman d’une forme d’auto plagiat regrettable.
Publié aux Editions Seuil – 2009 – 247 pages