23.10.09

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates – Mary Ann Shafer & Annie Barrows


Publié il y a quelques mois, ce livre fut (et continue d’être) un étonnant succès de librairie, objet de diverses louanges.

Pourtant, nous ne nous joindrons pas au chœur laudatif tant ce livre nous a laissé sur notre faim. Le livre fut publié en 2008 aux USA peu après le décès de M.A. Shaffer, ex bibliothécaire de son état. Celle-ci fut assistée par sa nièce, A. Barrows, elle-même auteur de livres pour enfants, pour concocter cet ovni littéraire. Il est écrit clairement par deux amoureuses des livres, aux références solides, doublées d’un brin d’originalité.

On appréciera ainsi la fantaisie des personnages mis en scène et l’understatement si caractéristique de l’humour anglo-saxon qui nous ont arraché, ici et là, quelques timides sourires. Pour autant, nous avouons avoir éprouvé la plus grande difficulté à entrer dans ce roman épistolaire qui ne commence vraiment à trouver son rythme qu’une fois la première moitié achevée. Bref, l’ennui ne fut pas loin de nous guetter avec une agaçante fréquence…

Le thème en est relativement simple. Juliet, écrivain trentenaire vivant à Londres, est en mal d’inspiration. Nous sommes dans l’immédiat après-guerre et Juliet a tout perdu lors d’un bombardement à distance de Londres. Son appartement n’est plus que décombres, ses chers livres, poussières, ses repères éliminés. Elle loge dans un minable petit appartement où elle n’est pas à l’aise et se morfond.

Parce qu’un inconnu résidant à Guernesey lui adresse une lettre en ayant découvert son identité sur un livre acheté d’occasion et qui lui avait appartenu, elle va se mettre à entretenir une correspondance abondante avec une kyrielle d’habitants ayant tous appartenu au cercle littéraire des amateurs de tourtes aux épluchures de patates. Un cercle destiné à tromper l’occupant allemand et où une collection de paysans va peu à peu s’éprendre d’auteurs classiques et tromper la faim, l’ennui, le froid provoqués par la guerre.

Peu à peu, cette correspondance va la faire pénétrer dans l’intimité de familles malmenées par la guerre et soumises à une occupation de plus en plus brutale de l’île.

Poursuivie des assiduités d’un entreprenant éditeur américain, elle va finir par rejoindre l’ile de Guernesey pour faire connaissance de ses correspondants et tenter de lever certains secrets ou fils perdus.

Le livre repose sur une succession de lettres entre les divers protagonistes. Elles s’entrecroisent, donnent parfois différentes interprétations ou versions d’un même événement, traduisent l‘état d’esprit de celles et ceux qui les écrivent puis y répondent. S’entrecroisent des histoires d’amour et des tragédies humaines que la guerre a inévitablement entrainées.

Au final, on aura apprécié une construction assez solide renforcée par une bonne dose d’autodérision, un authentique amour pour les verts pâturages de Guernesey et ses habitants simples, mais il aura manqué un souffle, un allant pour que nous adhérions à ce premier (et dernier) roman de M.A. Shafer.

Publié aux Editions NIL – 391 pages