Roman, confessions, autobiographie, essai psycho-social ? Difficile de classer ce livre que pourtant l’éditeur s’évertue à nous donner pour un roman.
En tout cas, un livre qui hésite tant sur le fond que sur la forme, oscillant entre de (rares) réflexions pertinentes et profondes sur la place de la femme dans la société française contemporaine et les fréquentes incursions dans des considérations d’une relative platitude, mille fois ressassées et qui n’apportent aucun éclairage nouveau ou original sur le sujet abordé.
On a d’ailleurs très, trop souvent le sentiment que Christine Jordis s’écoute écrire, qu’elle se fait citer par un tiers, femme et écrivain, pour mieux souligner à ses propres yeux la pertinence de ce qu’elle cherche à nous dire.
Pourtant, la première partie de ce « roman » était prometteuse. Le tableau de la jeune femme qui tombe amoureuse, sans grande expérience, qui accepte de se marier parce qu’elle set heureuse et qu’elle veut, inconsciemment, reproduire le schéma social dominant était peint avec un zeste de férocité et d’autodérision qui l’arrachait des sentiers rebattus.
Pour la génération des années soixante (la mienne), on y retrouve admirablement l’ambiance de l’époque, celle où les femmes commencent à s’émanciper mais toujours sous le regard étroit, protecteur et machiste de leurs hommes qu’elles doivent avant tout servir.
Une époque où divorcer n’était pas convenable, où l’apparence l’emportait sur la profondeur, où le refoulement engendrait souvent la tyrannie domestique.
Mais, à partir du moment où le personnage féminin qui dévide jusqu’au dégoût ses états d’âme, décide de divorcer alors le livre dérape. Il y règne un parfum de culpabilité entretenu dans des vapeurs de citations littéraires de tous genres et toutes époques. Rilke, Sollers, Barbey d’Aurevilly sont appelés à la rescousse d’un écrit qui part en naufrage.
J’ai calé à la 200ème page pour renoncer, définitivement…
Publié aux Editions Seuil – 264 pages