18.3.11

Comme ton père – Guillaume Le Touze


Malgré un Prix Renaudot reçu en 1994, je dois dire avoir été assez insensible à de roman de Le Touze.

La faute sans doute à la structure romanesque qui repose sur une série d’auto narrations, intercalées dans l’espace et le temps, et dont nous finissons par comprendre peu à peu le sens et les interrelations. Un parti-pris certes bien conduit, mais qui peut se révéler fort perturbant si l’on aime la structure et la rationalité.

La faute aussi, et avant tout, à une première partie un peu aride et où l’on se dit que, encore une fois, nous allons être assommés par le thème un peu trop présent de l’homosexualité, de la différence et de l’exclusion qu’elle pouvait entrainer encore il y a une quinzaine d’années.

Fort heureusement, le passage brutal, en deuxième partie (Journal d’Emma) d’un livre qui en comporte six, en nous changeant d’époque (nous sommes dans la première partie du XIXe siècle alors que la première partie se déroule en 1994), de personnage (une jeune femme juste mariée en route pour prêcher la foi protestante en Afrique du Sud), nous donne envie de poursuivre une lecture qui avait failli s’arrêter là… Où Le touze veut-il nous conduire ? C’est la curiosité qui fait progresser une lecture un peu laborieuse.

Alors, peu à peu, nous comprenons.

Un homme, Paul, est venu se réfugier en Afrique du Sud. Il s’est caché au fond d’une grotte à Massitissi. Une grotte longtemps habitée par des missionnaires protestants au XIXe siècle, ses ancêtres. Nous allons tout en apprendre, à distance, via le journal intime d’une forte femme, Alsacienne, Emma.

Paul, après avoir été marié à Claudia et eu avec sa femme un enfant, Giuseppe, qu’il n’a jamais connu, a vécu une histoire d’amour absolue avec un homme. Pour lui, il a tout quitté.

Paul s’est enfui à nouveau lorsqu’il eut peur que l’âge, la maladie ne viennent détruire cet amour hors normes, incompris par les autres.

Giuseppe, malade et condamné, qui n’a jamais connu son père, décide de le rejoindre pour un dernier voyage, avant qu’il ne soit trop tard. Giuseppe, lui aussi, est homosexuel. Une façon de suivre ce père qu’il a admiré à distance, en imagination et de fuir une mère qui ne l’a jamais aimé, qui a vécu avant tout pour elle-même. Une femme qui s’est réfugiée à Rome auprès d’un mari trop parfait et embarrassée d’une sœur cadette fantasque et futile.

Tout cela est un peu trop écrit, parfois un peu convenu. La lecture manque totalement de naturel.

Finalement, « Comme ton père » se révèle un roman sur l’amour profond d’un père et d’un fils qui se découvrent enfin au soir de leurs vies et qui, malgré peu de mots mais beaucoup de maux, vont se donner l’absolution avant que le fils ne finisse par mourir.

Pour autant, « Comme ton père » méritait-il un prix littéraire ? A quinze ans de distance, pour moi la réponse est contenue dans la question…

Publié aux Editions de l’Olivier – 219 pages