1.4.11

Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier – P. Rambaud


Chaque année, nous attendons avec délectation la livraison des chroniques de notre Académicien. Il faut dire que la conduite en souplesse des affaires par notre Auguste Souverain Elyséen, son style tout en douceur, son absence totale d’égocentrisme, son écoute infaillible du bas peuple permettent de se livrer à un exercice littéraire à la saveur incomparable.

2010 fut, à ce titre, un crû exceptionnel. Rappelez-vous.

Un procès plein d’amabilités entre un ex Premier Ministre promis à être pendu à un croc de boucher et le Grand Inquisiteur lui-même avec à la clé, une tribune d’expression à l’audimat incomparable pour la victime d’autant qu’elle fut totalement blanchie.

Un couple présidentiel qui bat, déjà, de l’aile, le Grand Homme ayant jeté son dévolu sur une Secrétaire d’Etat sportive, délaissant l’insondable Carla pourtant épousée à grandes déclarations d’amour trois ans plus tôt.

Une tentative de coup d’état avec l’imposition népotique, heureusement avortée grâce à la rébellion populaire, d’un fils à la tête de la pompe à finances qu’est l’EPAD. Un fils qui visiblement a hérité de l’audace paternelle et dont les ambitions le pousseront, à n’en point douter, à moultes trahisons.

Une réforme des retraites qui mit des millions de personnes dans la rue, paralysa l’activité économique, remit en selle un PS qui allait à vau-l’eau.

Une affaire Woerth-Bettencourt aux relents d’une pièce fétide de Feydeau où un majordome joue les traîtres et les enregistrements secrets menacent de faire tomber la République tout en illustrant l’abus manifeste d’un gigolo qui n’a pas froid aux yeux, déjà spécialisé dans le dépouillement des veilles femmes n’ayant plus tout à fait leur tête.

Un Ministre du Budget puis des Affaires Sociales éclaboussé méchamment par une sombre affaire de vente au rabais d’un hippodrome et d’une écurie de chevaux et douché par la révélation qu’il sut imposer sa femme auprès du conseil de Mme Bettencourt. Un Ministre tellement plombé par ces affaires qu’il dut se retirer la queue basse.

Un Empereur sauveur du monde qui vole de sommets en sommets se croyant l’égal des plus grands quand il n’est, bien souvent, que leur jouet ou leur faire-valoir. Mais tellement aveugle qu’il ne s’en rend pas compte quand le monde entier en rit.

Un débat sur l’identité nationale qui pue les caniveaux d’extrême-droite, monte la majorité politique contre le Souverain Eclairé enfermé dans son autisme au point de ne pas voir qu’il court à sa perte.

Imaginez ce qu’une plume aussi habile et trempée dans l’acide comme celle de Mr Rambaud peut en tirer. Une pure jouissance !

Et pour plagier l’auteur, « A suivre, malheureusement… »

Publié aux Editions Grasset – 2011 – 175 pages