Les bons cocktails sont ceux qui associent les
saveurs et ingrédients complémentaires ou surprenant dans des proportions
idéales.
Prenez un tiers de parodie d’étude
socio-économique d’un microcosme spécifique et aux plaisirs tarifés, ajoutez-y
un zeste de pseudo-références à de savants ouvrages réservés aux rats de
bibliothèque, versez progressivement et continûment une grosse dose d’humour et
de facétie, ajoutez un immense talent, secouez, secouez et vous obtenez un
livre désopilant, à mourir de
rire, d’une savante construction qui se joue des pires figures d’équilibrisme
classique, bref un vrai petit chef-d’œuvre qui révèle un nouveau talent
littéraire.
Le thème est en soi d’une impertinente
cocasserie qui donne immédiatement le ton décalé entretenu derrière une façade
d’étude à la méthodologie scientifique et mûrement réfléchie. Foutaises bien
entendu, faites pour perdre et réjouir un lecteur qui s’amuse comme un fou.
La Marine Nationale a décidé de se défaire de
l’un de ses anciens fleurons submersibles en se débarrassant du sous-marin
lance-torpilles « Le Fascinant ». Un sous-marin voué aux gémonies par
les débordements sodomites et érotiques qu’il ne manquait pas de susciter sur
les vagues de matelots embarqués.
Quelle meilleure idée que de transformer alors
ce long fuseau noir de cent vingt mètres au sens si particulièrement phallique
en un bordel de deuxième catégorie (bien entretenu, propre, idéal pour la
moyenne bourgeoisie locale) du port de Paimpol. Un sous-marin dont l’intérieur
est repeint en rose et dont l’enseigne lumineuse clignote toutes les sept
secondes pour attirer comme des insectes les agriculteurs, notaires, petits
commerçants ou touristes vernaculaires.
Car nous sommes en 2011 et la République a
enfin décidé de reconnaître d’utilité lubrique, pardon publique, les maisons
closes. Voici né l’Olaimp « anagramme approximative de Paimpol ». Un
bordel à part qui accueille en son sein, c’est le cas de le dire, douze péripatéticiennes,
tel(le)s douze apôtres du stupre, idoles du foutre, spécialistes de tout ce
qu’il manque à la maison.
C’est là qu’échoue, recruté par petite
annonce, « Beau Vestiaire », indépendant et sociologue à sex, pardon
ses, heures et qui va nous conter
par le menu la vie des Olaimpiennes, nymphes portuaires de la côte d’Emeraude.
Grâce à une langue haute en couleurs, aussi
luisante que les vulves des hôtesses, grâce à la manipulation brillante de
concepts dont l’auteur se joue avec un malin plaisir, grâce encore à
l’extraordinaire tendresse qu’il sait nous faire éprouver pour son petit monde
de désespérées associées en coopérative du plaisir, ce livre est une
authentique réussite, aussi attirante que son enseigne à néons roses dans la
nuit du port de Paimpol.
Précipitez-y vous (à Paimpol aussi si vous le
souhaitez…) !
Publié aux Editions Verticales Phase deux –
300 pages