Voici un titre qui illustre parfaitement ce que le lecteur
pourra avoir ressenti tout au long de la fastidieuse lecture de ce roman tout
juste moyen : aridité désertique de l’intrigue, voyage pénible, soif de
mieux !
Le sujet choisi était pourtant intéressant. Un homme mûr
décide de s’expatrier volontairement en Arabie Saoudite du côté de Djeddha pour
le compte de son employeur, un grand groupe de construction de complexes
hôteliers. Sur place, c’est l’ennui et la dépression qui vont s’emparer de lui,
fomentant fantasmes et désirs que la société islamique surcontrainte va
inévitablement susciter. Quoi de plus naturel que de rêver de femmes quand il
n’y en a point d’accessibles localement et que l’adultère est puni de mort,
quoi de plus normal que de vouloir voir un arbre quand le désert vous entoure,
etc ?
Malheureusement, le livre démarre mal. On sent B. Pelletier
empêtré dans son sujet, hésitant entre un assez quelconque guide touristique
vous décourageant à jamais de vous rendre sur les plages trompeusement
idylliques d’un pays psychologiquement arriéré et une critique acerbe d’une
société saoudite seulement préoccupée de maintenir in islam moyen-âgeux. Un
Islam qui ségrégue hommes et femmes, encageant ces dernières, les enfermant
derrière d’incroyables burkas, un Islam qui déchire toute publication laissant
voir le moindre bout de peau, un Islam qui coupe les mains et les pieds des
voleurs, un Islam qui punit de ne pas assister aux innombrables prières…
Je ne prends pas parti et ne fais que relater le point de
vue de l’auteur (dont je dois cependant dire qu’il est tout à fait exact d’un
point de vue factuel en Arabie Saoudite où j’ai eu l’occasion de me rendre).
Cependant, desservi par un style pataud, s’embourbant dans
le désespoir qui fond sur sa victime volontairement égarée dans cette société
qu’il ne comprend pas, l’auteur a le plus grand mal à nous faire adhérer. Il
existe certes quelques belles pages (ces fuites éperdues et sans but sur les
infinies lignes droites des autoroutes désertes, ces recherches de la Mer Rouge
protégée et inaccessible derrière des murailles d’enceinte qui en privatisent l’accès),
mais elles ne sont pas suffisantes pour sauver l’ouvrage d’un ennui certain.
Pubié aux Editions de l’Olivier – 163 pages