En Avril 1958 s’ouvrait à Bruxelles la
première Exposition Universelle d’après-guerre. Une exposition censée apaiser
les climats de tension sur fond de guerre froide et de rivalité de plus en plus
forte entre l’Est et l’Ouest. Une exposition placée sous le signe de la
modernité avec comme symbole fort l’Atomium, cette gigantesque structure en
forme d’atome de plutonium qui fait désormais partie du paysage de la ville de
Bruxelles.
Pour faire fonctionner cette énorme foire à
tout destinée à donner la meilleure image de chacun des pays participants, il
fallut une armée de personnes parmi lesquelles se glissèrent bien entendu, et d’autant
plus vu le climat de l’époque, une cohorte d’espions de métier ou de
circonstance.
Comme, en outre, des milliers d’hommes et de
femmes se retrouvèrent consignés pendant six mois dans une sorte de parc d’attractions
dont il était difficile de sortir où ils travaillaient, mangeaient et dormaient
(du moins à proximité), ce fut aussi et bien entendu le lieu de nombreuses
idylles spontanées ou arrangées pour des causes supérieures…
C’est tout cela que nous rappelle et décrit
ici Jonathan Coe dans son dernier roman. L’ambiance à la fois de fête
légèrement débridée, de suspicion constante, de fausses amitiés dissimulant de
sombres objectifs y est parfaitement bien rendue. On y vit au rythme de ces
hommes et femmes en proie à leurs désirs, à leurs démons mais aussi, et
surtout, objets de constantes manipulations dont ils sont le plus souvent
inconscients.
Coe y manie brillamment l’humour anglais fait
de cet « understatement » inimitable et de situations cocasses
parfaitement assumées. On y sourit souvent, voire rit de bon cœur lorsque l’on
découvre un brin abasourdi les propos de ce duo d’espions officiels au service
de Sa Majesté directement inspiré du binôme Dupont et Dupond de Tintin et Milou
du Belge Hergé, gentil clin d’œil au pays et à la ville qui servent d’écrin au
roman de l’auteur.
Pour le reste, si le roman est aimable et
plaisant, il n’en est pas pour autant le meilleur de Coe, loin s’en faut. Il y
manque un certain souffle, le rythme ayant tendance à retomber fréquemment. Le
style en est un peu approximatif, très loin du brillant « La vie très
privée de Mr Sim » par exemple. Les romances, nombreuses, y sont un peu
trop appuyées au risque de faire basculer le livre vers le roman de gare
parfois. C’est dommage.
Publié aux Editions Gallimard – 2014 – 328 pages