17.8.14

Sagan 1954 – Anne Berest


Au moment où elle est contactée par le fils de Françoise Sagan pour écrire un livre sur sa mère, dix ans après sa mort, Anne Berest traverse une difficile – mais désormais banale – épreuve, celle de se voir quittée par le père de sa fille et de se trouver confrontée à un divorce douloureux.

Elle accepte très vite, lâche le roman qui était en cours et se plonge dans ce qui va devenir Sagan 1954. Il ne faut surtout pas voir dans ce livre une énième biographie de celle qui devint un phénomène littéraire mondial et la femme française sans doute la plus connue à l’étranger de son temps.

Sagan 1954 est bien sûr, entre autres, la narration des quelques mois qui précédèrent et suivirent la parution de « Bonjour tristesse », avant que Sagan ne devienne Sagan, que les fêtes, la vie mondaine, les voitures et les excès en tous genres ne l’emportent. Mais c’est aussi l’histoire d’une amitié entre une femme morte et une jeune femme du début du vingt-et-unième siècle, une amitié qui se construit à distance, à travers les découvertes, les rencontres de celles et ceux qui ont connu Sagan et parce que le sujet de son livre finit par parler à son auteur.

C’est grâce à Sagan qu’Anne Berest réapprend progressivement à vivre, qu’elle ose à nouveau sortir, flirter, séduire, aborder par hasard un jour Jean Echenoz dont elle vient de lire la biographie sur Ravel. C’est ce mélange de biographie, d’autofiction, de confessions intimes, de réflexions sur la vie, ses mystères, ses surprises, ses peines et ses joies qui font le charme indéniable d’un livre qui vous enveloppe, vous prend dans ses bras.

On y contemple un tableau forcément partial, mais juste, de la vie de la société française dans les années cinquante, on assiste dans les coulisses de l’édition aux étapes qui précèdent la sortie d’un premier livre en même temps qu’on y suit les tribulations d’une jeune provinciale moderne qui tente de s’accommoder d’un monde parisien alors qu’elle cherche un nouveau sens à sa vie. Il y a là comme une grande douceur, une sincérité qui m’ont particulièrement touché et ont fait que je n’ai pas pu abandonner ce beau livre avant que de l’avoir lu d’une traite.

Publié aux Editions Stock – 2014 – 195 pages