Oui, Frédéric Ciriez est
capable, au plan littéraire, de tout. Du meilleur avec le désopilant « Des néons sous la
mer » que nous avions adoré, du nettement moins bon avec son deuxième
roman « Melo » voire du pire avec l’insupportable « Je suis
capable de tout ». Voilà, c’est dit.
Dans ce troisième opus,
l’auteur nous transporte au cœur de l’été sur une plage naturiste dans un club
de vacances où il est nul besoin de prévoir pléthore de fringues par
conséquent. C’est là que cuisent Julie, une quadragénaire divorcée cadre-sup,
au physique très bien conservé, et sa fille Neko de dix-sept ans, plate comme
une limande et mal dans sa peau d’adolescente. Toutes deux ont une passion
commune : la lecture.
Tandis que Neko avale
goulûment une série de mangas où un virus informatique a conduit à faire de
l’amour une relation maître-esclave purement homosexuelle tout en maintenant un
suspense de série B sur le sort du monde, Julie s’abreuve des maximes du
dernier best-seller à la mode commis par un ex-champion olympique d’athlétisme.
Une lecture qui, pour elle qui se sent dévalorisée par un divorce qui lui est
tombé dessus comme une falaise sur la tête, va rapidement et par un concours de
circonstances l’entraîner dans une série de prise de risques dont les
conséquences seront assez dramatiques.
Sur cette intrigue assez
maigre mais, convenons-en, loufoque, Frédéric Ciriez bâtit une histoire sans
queue-ni-tête. On ne pourra manquer d’y voir une critique vitriolée de ces
innombrables pensums commis à la chaîne où des coaches plus ou moins improvisés
se gargarisent de promesses de faire de vous des humains nouveaux, sûrs d’eux
et qui gagnent ; mais avec quelle lourdeur…
Fallait-il vraiment
convoquer la mort dans une séquence de grand-guignol où sexe, violence et orage
se combinent au sommet de la plus haute tour du monde en plein désert ?
C’est d’un ridicule insondable… Etait-il nécessaire de nous montrer à nouveau
la queue du diable (au sens propre comme figuré) quand il se déguise en bel
amant plus qu’improbable d’une Julie ensorcelée ? Et j’en passe des
séquences entières du même acabit.
La farce se nourrit de tellement
d’exagérations que le lecteur, déjà extrêmement sceptique au départ, finit par
se demander si on a décidé de le prendre pour un crétin. Monsieur Ciriez,
ressaisissez-vous ! Il n’y a décidément plus de lumière aux néons sous la
mer et l’on frise le naufrage absolu dans un livre qui devient franchement
ridicule à forcer le trait au point d’en perdre le contrôle. Il est louable de
vouloir dénoncer par la parodie mais, ici, seul le mauvais goût surnage…
Publié aux Editions
Verticales – 2016 – 288 pages