1906 : la France de
Clémenceau décide de frapper un grand coup pour venir à bout des gueux,
vagabonds, déserteurs et autres romanichels qui sévissent dans les villes et
les campagnes, détroussant les bourgeois, pratiquant parfois la violence voire
la torture pour faire avouer à leurs victimes l’endroit où se cache leur épargne. Ce sera la
raison qui poussera à la création des fameuses Brigades du Tigre, première
émanation d’une police moderne, bien formée, bien équipée. Une de ses premières
opérations consistera à traquer la « Caravane à pépère », formée
d’une bande de Rroms placée sous l’autorité de Jean Capello.
2013 : le Ministre
de l’Intérieur de l’époque fustige les Rroms les accusant d’être
fondamentalement incapables de s'adapter au mode de vie contemporain. Entre ces
deux dates, un peuple, celui du monde des caravanes, des aires de stationnement
sauvage et de l’insécurité qui peut l’accompagner parfois. Et l’ostracisme qui
va de pair. Du coup, l’idée du nouveau roman de Thomas Vinau germe et prend forme.
Il s’agira de suivre les tribulations d’un môme, jeté sur les chemins après
avoir assassiné son père violent et s’acoquinant un peu par hasard, beaucoup
par besoin de survie à la bande à Capello.
Le parti-pris de
construction du roman de Thomas Vinau est radical au point qu’il pourra agacer
beaucoup. Deux principes auxquels il ne déroge pas d’un millimètre tout au long
de son récit : d’un côté des chapitres extrêmement courts (une page et
demi tout au plus) où sont condensées des scènes précises, de l’autre une
langue où l’argot côtoie une écriture travaillée à la recherche constante
d’images fortes. Si on peut louer l’effort qui, parfois, produit un impact fort
comme lors de la scène de l’attaque du loup par exemple, on finit aussi et
surtout par le trouver lassant, les chapitres manquant régulièrement de liant
quand ce n’est pas l’abus d’une langue vulgaire qui finit par rebuter.
On sent une révolte, une
colère chez l’auteur contre l’exclusion, contre le terrorisme, contre la
société en général qu’il nous dévoile d’ailleurs un peu plus dans une postface
explicative. Elle est l’essence de ce livre à part qui convaincra un certain
public mais laissera la majorité de côté sans doute. Pour ma part, je suis
resté en dehors de bout en bout…
Publié aux Editions Alma
– 2017 – 195 pages