Vivre une relation
adultérine est rarement simple et, souvent destructeur. Alors, il faut ruser
avec les emplois du temps, les contraintes familiales et trouver des lieux pour
se rencontrer et s’aimer. C’est sur ces constats qu’Agnès Riva élabore son
dernier roman « Géographie d’un adultère ». Il faut du temps pour qu’un
amour se développe, mûrisse et détermine son sort. Un cheminement qu’illustre
l’auteur par un choix des lieux très signifiant. Tout commence sur le lieu de
travail, Paul et Emma se retrouvant régulièrement comme Conseillers aux
Prud’hommes. Ils se plaisent, s’admirent et sont tous deux, mais différemment,
à la recherche d’autre chose que la relation insatisfaisante qu’ils vivent dans
leurs couples respectifs.
C’est d’abord dans la
voiture où Paul ramène Emma que s’avoueront les sentiments avant que tous deux
ne deviennent véritablement amants transformant le lit conjugal d’Emma en hôtel
si j’ose dire de l’irréparable. Il faut alors rigoureusement régler le temps
des ébats avant que le mari ne revienne et que l’épouse ne s’inquiète d’un
retour tardif. Plus Paul et Emma se fréquentent, plus l’attente des deux amants
divergent. Paul rêve de sécurité. Il gère une situation qu’il a d’ailleurs
avoué très tôt n’être pas la première pour lui. C’est un habitué des conquêtes,
un acrobate de la sauvegarde de son couple en dépit des tromperies multipliées.
Emma elle s’éprend follement de Paul, rêvant après chaque nouvelle étreinte de
s’afficher au grand jour au bras de son amant, s’espérant capable d’envoyer
tout promener pour vivre sa passion.
Alors, bien sûr, elle
multiplie les pressions pour vivre leur histoire dans des espaces de plus en
plus publics (des hôtels, des locations meublées) et de plus en plus vastes.
Plus son cœur enfle, plus l’espace pour les accueillir doit lui-même enfler.
Quand elle finira par comprendre que Paul toujours esquivera, malgré les
promesses et les réelles tentations que suscite une relation plus sincère que
les autres, la rupture sera proche, projetant Paul dans une fréquentation
anxieuse de certains des lieux d’une géographie d’un amour disparu.
Un livre original et
relativement sympathique.
Publié aux Editions
L’Arbalète de Gallimard – 2018 – 126 pages