Une fois de plus Olivier Adam frappe fort. Ce petit livre est encore plus dense que les précédentes livrées de l’auteur. On y retrouve les thèmes récurrents déjà omniprésents dans « Falaises » et « Passer l’Hiver » (voir notes dans les archives de ce blog) : la banlieue sordide et sans espoir, le deuil impossible des parents, le refuge dans l’alcool et l’autodestruction.
Antoine, boxeur la nuit, croque-mort le jour fuit ses démons comme il peut. Il ne connaît pas la demi-mesure et hurle son mal être dans tous ses actes.
Enterrer ses clients est une souffrance quotidienne ; il ne sait prendre ses distances, la mort du père encore trop proche, la cicatrice pas refermée. D’ailleurs, comment peut-on vivre à organiser la souffrance des autres quand la sienne propre vous noue la gorge ?
Il boit comme il souffre : à ras bord, sans s’arrêter, dès qu’il n’en peut plus, c’est à dire quasiment à longueur de journée. Où commence la fuite, où débute le refuge ? Il est déjà trop tard.
L’alcool le détruit, fout en l’air son job qui l’insupporte, exacerbe sa violence qu’il ne sait pas exprimer par des mots ni maîtriser sur le ring. Il aurait pu devenir un bon boxeur avec Chef, son manager, brave type presque aussi paumé que lui mais à qui un reste de profonde humanité va lui permettre de se sauver, juste à temps.
Antoine aurait pu aimer Su. Mais même cela lui sera refusé, sa violence mal contenue entraînant celle du clan familial à la lisière de la mafia jaune du XIIIeme arrondissement.
Antoine s’enfonce encore plus, page après page. L’amour presque incestueux pour sa sœur Claire lui avait tenu la tête hors de l’eau. Jusqu’au mariage de celle-ci, ultime trahison, accélérateur de sa déchéance.
Comme souvent avec Olivier Adam, il n’y a aucun espoir, aucune rédemption. Une lente et inexorable descente aux fin fonds de la douleur psychologique et physique. Le mot « espoir » doit être banni du vocabulaire de notre jeune auteur…
Vous en sortez KO mais, tel un boxeur professionnel, vous en redemandez et remonterez sur le ring, pour la prochaine livrée de coups.
Très fort décidément !
141 pages – Publié au Seuil Collection Points.
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Qui êtes-vous ?
- Thierry Collet
- Cadre dirigeant, je trouve en la lecture une source d'équilibre et de plénitude. Comme une mise en suspens du temps, une parenthèse pour des évasions, des émotions que la magie des infinis agencements des mots fait scintiller. Lire m'est aussi essentiel que respirer. Lisant vite, passant de longues heures en avion, ma consommation annuelle se situe entre 250 et 300 ouvrages. Je les bloggue tous, peu à peu. Tout commentaire est bienvenu car réaliser ces notes de lecture est un acte de foi, consommateur en temps. N'hésitez pas également à consulter le blog lecture/écriture auquel je contribue sur le lien http://www.lecture-ecriture.com/index.php Bonnes lectures !
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