25.2.09

La dernière passion de Son Eminence – Guillaume de Sardes

Voici l’archétype du bon petit roman, sans grande prétention, bien écrit, plein d’humour et de dérision et carrément jouissif. Un roman qui par son thème, son style, sa mise en scène nous a fait souvent penser à l’irrésistible « Conclave » de l’Italien Roberto PAZZI et que nous vous recommandons par la même occasion et qui lui est, cependant, bien supérieur.

Comme son nom l’indique, ce livre nous entraine dans les sphères de pouvoir et d’intrigues du Vatican. Des sphères peu amènes (je n’ai pas pu résister au jeu de mot) tant l’ambition, la jalousie, la perfidie et le plaisir des sens prévalent sur le désir de sauver les âmes égarées des troupeaux catholiques. Ne voyez aucun mal dans mes propos : j’essaye simplement de vous placer selon le parti pris de l’auteur pour concevoir son ouvrage.

Sur fond de double meurtre, d’intrigues, de complots et de coups bas, nous suivons la bête féroce qui se cache derrière Son Eminence, le Cardinal gardien des rites, le plus haut gradé dans la hiérarchie pontificale après le Pape lui-même.

Ayant mis son intelligence au service exclusif de ses plaisirs et de ses ambitions, Son Eminence mène une vie princière et de débauche. Il collectionne les jeunes hommes et ne dédaignent pas non plus les jeunes femmes impudiques et peu farouches. Plus les plaisirs sont libertins, plus Son Eminence apprécie. Mais malheur à celui qui cherche à le trahir ou à le doubler. Le renard, qui en a vu d’autres, finira par emporter le morceau avec élégance.

Le texte est à l’image de la couverture d’un érotisme surprenant. Derrière les draps pourpres, les ors et les fastes du Vatican se cache la perpétuelle recherche d’un plaisir toujours plus violent et plus interdit. Un parfum de scandale étouffé sous l’obligation de ne rien laisser filtrer.
Bien servi par un texte élaboré et gentiment tourné, parfois un brin archaïque, le roman peine cependant à garder le cap d’une intrigue haletante et rebondissante. On sent l’auteur plus à son aise en mettant sa plume stylée au service d’une critique vitriolée et décalée du haut clergé que focalisé sur le désir de conduire le lecteur dans une intrigue solide et passionnante. Le scenario est au fond convenu, hautement prévisible ce qui gâche quelque peu le plaisir. Dommage, cela aurait pu en faire un livre excellent…

Publié aux Editions Hermann – 128 pages